Dans les années 60, l’État fait le choix de développer l’enseignement supérieur sur des sites proches de Paris, comme Nanterre et Saint-Denis. À Cergy-Pontoise, que nenni ! Mais vingt ans plus tard, le constat est là : le nombre d’étudiants ne cesse de croître. À force de brider le développement des universités, la France est sous dotée et Paris engorgée. En 1989, face au retard accumulé, le ministre de l’Éducation nationale, Lionel Jospin, lance le plan « Université 2000 ». Le gouvernement décide de créer quatre universités dans les villes nouvelles. Et cette fois-ci, Cergy-Pontoise monte dans le train…
L’union sacrée
L’université de Cergy-Pontoise (UCP) doit sa création à un trio de choc : région, département, ville nouvelle (puis communauté d’agglomération). Dès le début, une union sacrée se forme autour du projet d’université. Jean-Philippe Lachenaud et Alain Richard, respectivement présidents du Conseil général et du Syndicat d’agglomération nouvelle (SAN), et Anne-Marie Idrac, directrice de l’Établissement public d’aménagement (EPA), affichent un front commun. Leur ambition : faire vite et bien. Un choix stratégique est alors opéré. L’université cergypontaine sera multi-sites, chaque site étant dédié à des disciplines différentes. Loin de l’image de citadelle, l’objectif est d’irriguer toute la ville nouvelle. À sa tête : Bernard Raoult. L’ex enseignant-chercheur, nommé par anticipation, prend alors les rennes. « Tout le monde trouvait l’aventure exaltante, se souvient l’ancien président. Et pour tout dire… assez amusante ! L’ambiance était extraordinaire ; l’intérêt général passait avant tout le reste ».
Prendre racine
Le projet avance… Reste à trouver un terrain dans le centre. Et la chance sourit aux audacieux. À Cergy, la couverture de la ligne RER – à la suite d’une plainte des riverains – libère une bande de terre. Sur cette dalle, l’architecte Michel Rémon va faire pousser ses Chênes. La comparaison avec l’arbre s’arrête là, car dès son inauguration, en 1993, le bâtiment est comparé à un « paquebot », un « vaisseau » ou un « navire amiral ». Il est grand, blanc et magistral. Avec sa pierre de Catalogne et son marbre de Carrare, il ne laisse pas indifférent. Une réalisation qui vaudra d’ailleurs à Michel Rémon le prix de l’Équerre d’argent. Le site de Neuville ouvre plus discrètement ses portes la même année. En 1994, c’est le tour du site Saint-Martin, à Pontoise. Imaginé par Guy Autran, l’édifice de verre et d’acier est l’un des fleurons de l’architecture cergypontaine, avec sa transparence, ses volumes et ses lignes contemporaines.
Le site Saint-Martin de l’UCP à Pontoise © Antoine Devouard
L’UCP en tête !
À la rentrée 1992, 3 700 étudiants prennent place sur les bancs de l’université. Ils sont 10 000 en 1996 et plus de 19 000 aujourd’hui. Une croissance fulgurante !
Pour accompagner cette montée en charge, l’agglo dispose d’un service dédié. Son rôle : soutenir, animer la vie étudiante et accompagner le développement des 14 établissements d’enseignement supérieur, dont l’université.
Les raisons du succès de l’UCP ? La pluridisciplinarité, la mixité sociale et culturelle, le partenariat avec le tissu économique local et l’ouverture à l’international. Et les résultats sont là : en 2018, l’UCP décroche la première place du classement national pour son taux d’insertion professionnelle après l’obtention du diplôme (98%). Trente ans après, l’aventure continue !…
Grande & petites histoires
Véronique Balbo-Bonneval, directrice générale des services de l’université de Cergy-Pontoise (UCP)
« L’UCP est jeune et légère, donc très agile. Les universités plus anciennes souffrent davantage d’inertie. Ici, les projets sont plus faciles à mener. La mixité sociale et culturelle est également une chance. L’UCP vit avec son temps et se fond dans le tissu socio-économique local. Nous sommes d’ailleurs parmi les premiers, avec l’ESSEC, à avoir cru en l’apprentissage, ouvert des formations en alternance et des licences professionnelles. Cergy-Pontoise offre une très haute qualité de vie et d’enseignement à ses étudiants. Mais aujourd’hui, il est temps de passer à une autre échelle. Avec la création du campus international soutenu par la Communauté d’agglomération et porté par l’Université Paris-Seine, nous souhaitons gagner le top 200 des universités mondiales. Après l’ouverture de la maison internationale de la recherche (MIR) à Neuville et du Fab Lab sur le parvis de la préfecture, un learning center (bibliothèque universitaire nouvelle génération) remplacera l’ex-patinoire d’agglomération dans le quartier Grand Centre. Il s’agit d’un lieu de vie et de savoir ouvert à tous. Des mobilités douces vont relier les différents sites et offrir un meilleur accès au parc de la préfecture ainsi qu’à l’Île de loisirs. La construction de 5 000 nouveaux logements est également au programme. De quoi rivaliser avec les meilleurs universités internationales ! »