Pour les personnes sans domicile, l’hébergement d’urgence reste une nécessité. Mais la réponse pérenne à leur apporter consisterait plutôt à les orienter vers un logement durable, en les accompagnant, pour faciliter leur réinsertion dans la société. Cet investissement peut tout changer. Car il n’est pas possible de construire durablement sa vie en s’interrogeant, chaque jour, sur le lieu où l’on passera sa nuit. Le logement est un facteur de stabilité indéniable qui permet de rebondir, et c’est dans ce sens qu’a été mise en œuvre au niveau national une politique publique, formalisée dans le Plan quinquennal 2018 – 2022 pour le Logement d’Abord et la lutte contre le sans-abrisme.

Aujourd’hui des milliers de personnes sont à la rue, et Cergy-Pontoise n’échappe pas à cette terrible réalité nationale. En 2021, 15 900 ménages de l’Agglomération ont fait appel aux services sociaux d’urgence pour demander une mise à l’abri, dont 33 % de familles monoparentales et 24 % de personnes isolées.

De l’expérimentation à la mise en œuvre

Une phase d’expérimentation de terrain menée par l’association Espérer 95 sous forme de maraudes de 2019 à 2021, et soutenue par l’Agglomération, a permis de constater que certains quartiers du territoire, notamment le Grand Centre à Cergy, le secteur gare et Notre Dame à Pontoise et le centre-ville de Saint-Ouen l’Aumône, accueillaient, et accueillent encore régulièrement sur l’espace public, des personnes en situation de grande marginalité.

Ces publics très fragiles ont des profils variés : jeunes en errance récente, personnes ayant des problématiques de santé et santé mentale, d’addiction, dépourvues de solutions d’hébergement stable et digne, ou connaissant des difficultés d’accès à une alimentation satisfaisante et à une hygiène minimum…

Dès lors, pour leur venir en aide dans la durée, et tenter de réduire le sans-abrisme du territoire, l’Agglomération décidait, lors de son conseil communautaire du 16 novembre dernier, d’adopter le projet, proposé par l’association Espérer 95, de mise en œuvre d’un dispositif pérenne, comprenant une épicerie sociale, des tiers lieux alimentaires, un « bus solidaire » et une maraude d’intervention sociale et éducative (MISE)..

Si l’épicerie sociale, les tiers lieux alimentaires et le « bus solidaire » ont été entièrement financés par le plan « France Relance » de l’État, la maraude évaluée à 360 000 €, et programmée sur deux ans, a été prise en charge par l’Agglomération avec un soutien financier direct de l’État à hauteur de 60% des montants engagés.

Un « bus solidaire » 4 x 4 !

Pour aller à leur rencontre et accompagner les grands exclus sur les communes de Cergy, Pontoise et Saint-Ouen l’Aumône, le dispositif du « bus solidaire », animé par l’association Espérer 95, s’est doté de 4 outils pour poursuivre 4 objectifs…

4 outils :

• Un bus solidaire, dispositif d’accueil itinérant qui viendra se positionner régulièrement sur les secteurs ciblés : Cergy Grand Centre, gare de Pontoise, centre-ville de Saint-Ouen l’Aumône, en accord et en lien avec les communes.
• La maraude en elle-même.
• L’épicerie sociale « Le Pélican » qui se trouve dans des locaux d’Espérer 95 à Pontoise.
• Les tiers lieux alimentaires pour ménages logés à l’hôtel.

4 objectifs :

• Aller à la rencontre des publics d’errance et de grande marginalité mais également les personnes hébergées à l’hôtel. Concrètement, le bus sera le point d’attache pour la maraude.
• Permettre aux publics concernés de rencontrer dans le bus un travailleur social mais aussi une infirmière afin de réaliser des entretiens, entamer un travail de diagnostic, d’accompagnement et/ou être orientés vers des partenaires (*)
• Mettre à disposition des personnes hébergées à l’hôtel des équipements de cuisine pour faciliter l’accès à une alimentation saine et équilibrée
• Constituer une passerelle directe vers un logement pour certains de ces publics selon le principe du « Logement d’abord »

(*) DIHAL, Agglomération de Cergy-Pontoise, DDETS 95, SIAO 95, villes et CCAS de Cergy, Pontoise et Saint-Ouen l’Aumône, Conseil départemental du Val d’Oise, hôtels du public bénéficiaire du projet, Espace Santé Insertion de Pontoise, ARS d’Île-de-France, CAF et CPAM du Val d’Oise, ANPAA, CSAPA, DUNE et EMIL, coordination SDF du territoire de Cergy-Pontoise, bailleurs sociaux et privés (3F, Erigère, AB Habitat…), BAPIF (Banque Alimentaire Phttp://centre-dune.fr/aris – Île-de-France), associations d’aide alimentaire (Restos du Cœur, Le Maillon…)

Premiers résultats et perspectives

La Maraude d’Intervention Sociale Intercommunale et Éducative (MISE) et le Bus solidaire sont entré en phase opérationnelle en novembre 2021. Et leurs actions, suivies par un comité de professionnels du secteur social et différents partenaires, ont déjà porté leurs fruits puisque sur la période du 24/11/21 au 31/03/22 :

• 94 interventions ont été comptabilisées dont 37 sur Cergy, 50 sur Pontoise et 7 sur Saint-Ouen-l’Aumône
• 113 personnes ont été rencontrées
• 2 personnes ont intégré des places d’hébergement en Lit Halte Soins Santé
• 1 personne est entrée en Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS)
• 1 personne est entrée dans un logement social

Ces premiers bons résultats donnent de sérieuses perspectives sur le long terme, et c’est pourquoi, lors du Comité local de l’habitat du 19 avril dernier, les partenaires engagés ont décidé de lancer un Plan Local du Logement d’Abord pour inscrire le dispositif du « bus solidaire » dans la durée, et l’inclure dans les réflexions en cours menées pour l’instauration du futur Plan Local de l’Habitat (PLH) 2023-2028 de l’Agglomération.