Le rappeur Seth Gueko s’est installé à la fenêtre du premier étage, ouverte sur la façade de l’église Notre-Dame de Pontoise. « Elle veille sur nous ! Ici, à Pontoise, je venais acheter mes jouets au Grand Bazar ». Celui qui est né et à grandi à Saint-Ouen l’Aumône égrène d’autres jalons de sa jeunesse cergypontaine : le lycée Edmond Rostand, les journées aux 3 Fontaines et à la Foire Saint Martin. « Je n’avais pas trop les moyens de partir en vacances mais j’allais à la base de loisirs et à la piscine de Pontoise, celle du pont en bord d’Oise avec son plongeoir de cinq mètres ».
Un bar en Thaïlande
Dans les années 2000, vers 22 ans, Seth Gueko commence à s’éloigner, d’abord pour Paris où s’ouvrent les portes de la musique et du succès. Puis il pose ses valises en Thaïlande à partir de 2009. « Le soir j’allais dans des bars, ma parole attirait du monde. Pourquoi ne pas en profiter dans mon propre établissement » ? Il en ouvre alors un là-bas, le Seth Gueko bar. « J’y ai vu un moyen de me reconvertir. Sans pour autant arrêter le rap car je reste ce que je suis à la base, un « écriveur » comme dirait Desproges ». Sa vie et sa carrière prennent le rythme : trois mois par an passés en France et neuf mois en Thaïlande, où il enregistre tous ses albums. Y-compris le prochain qu’il confie avoir programmé pour juin 2018.
Les tatouages à Pontoise
Mais s’il est aujourd’hui place Notre-Dame, c’est que Seth Gueko veille au lancement de son second établissement, non plus un bar mais un salon de tatouage, le Barlou Tattoo Shop. « Le tatouage c’est une culture plutôt Rockn’ Roll. Mais l’univers que je crée avec mon rap permet de réaliser des créations de tatouages en lien avec le hip-hop. D’ailleurs les jeunes qui viennent ici cherchent bien sûr à s’identifier à un artiste et à son climat ». Et comme il se définit comme « Un rockeur qui fait du rap, et même du hard-rap », la synthèse s’opère.
Audiard, Brassens, Brel
« Hard-rap », c’est bien le moins pour qualifier l’ambiance des chansons de Seth Gueko. Au fil de ses disques, de « Mains sales » (2004), « Barlou » (2016), le rappeur dessine un monde où les truands ne sont jamais loin. Celui qui avoue volontiers son admiration pour les dialogues de Michel Audiard a bien sûr puisé une bonne part de son inspiration dans le vocabulaire du polar à la française de la grande époque. « Cela m’a donné une manière de m’exprimer que les autres n’avaient pas. Beaucoup de mes punchlines d’aujourd’hui en découlent encore ». Et Seth Gueko d’adoucir ses références en évoquant l’admiration qu’il porte aussi à Georges Brassens et à Jacques Brel.
Vers un mi-temps
Le rappeur envisage maintenant de partager son temps à égalité entre la France et la Thaïlande. Celui qui se félicite de la proximité de son établissement avec le salon de barbier tenu par son ami Adrien Perquis, le confirme : « je suis content d’être revenu ».