Avec le temps, les anciens combattants de 39-45 sont de moins en moins nombreux à pouvoir témoigner et raconter. Pourtant à Saint-Ouen l’Aumône, Raymond Martinez, un Saint-Ouennais venant de fêter ses 99 ans, est toujours fidèle au poste pour honorer avec émotion la mémoire de ceux tombés au front. Le 30 août dernier, lors de la cérémonie en l’honneur de la Libération de la ville, il a été décoré du diplôme du porte-drapeau pour ses 43 années de bons et loyaux services. Une des nombreuses décorations reçues par cet ancien combattant qui a connu trop de guerres.
Un parcours exceptionnel
Fils de poilu, il a rejoint l’armée française le 27 décembre 1940. Mobilisé en Algérie, au Maroc, puis en Tunisie, il faisait partie de l’armée de l’Armistice. Il se souvient toujours de cette époque : « On se cachait, certains ont réussi à rejoindre le Général de Gaulle à Londres, moi j’ai intégré l’artillerie de montagne cavalerie et mulet, d’abord comme estafette trompette à cheval, puis comme agent de liaison ». En février 1944, il obtient une permission de 48h et se marie avec Marguerite à Oran, l’amour de sa vie, disparue en 2015. Devenu chauffeur d’un half-track américain, il débarque en Provence le 15 août 1944. Puis avec son régiment et ses copains de l’armée Rhin et Danube, il part à la poursuite de la 19e armée allemande. Blessé deux fois et perdant de nombreux camarades au combat, il ira jusqu’au fameux Nid d’aigle d’Hitler. Pour ses nombreux faits d’armes, il a été décoré de la Médaille militaire, de la Croix du combattant volontaire, de la Médaille de la Libération, et a été cité à l’Ordre du mérite de sa division. En 2018, il reçoit également le Prix de la citoyenneté par l’association nationale de l’Ordre du mérite.
Devoir de mémoire
Saint-ouennais depuis 1958, Raymond Martinez est, depuis 1985, président de “l’Amicale des mutilés et combattants” et a été également le créateur de la “section Rhin et Danube“ de Saint-Ouen l’Aumône, Pontoise et environs. Des associations au sein desquelles il a toujours martelé sa devise “devoir de mémoire”. Devise qu’il perpétue toujours en étant présent à chaque commémoration saint-ouennaise, ne pouvant malheureusement plus honorer de sa présence celles rendues au Soldat inconnu place de la Concorde. Des moments qui lui remémorent son passé : « à ces occasions, je pense particulièrement à mes camarades tirailleurs d’Afrique du Nord, tombés au front, certains seulement quelques jours avant la fin de la guerre », évoque avec émotion le doyen des Anciens combattants du département, fidèle à ses convictions et à son engagement de mémoire. « Une guerre qui aura occupé toute sa vie, tellement elle reste présente dans son quotidien », témoigne ému son fils, Gérard.
Raymond Martinez en 4 chiffres
1921
Naissance le 15 septembre à Oran (Algérie)
2, 3, 9
Raymond a eu avec “Maguy” 2 garçons, 3 petit-enfants et 9 arrière petit-enfants
62
Raymond habite Saint-Ouen l’Aumône depuis 62 ans
35
Président depuis 35 ans de l’Amicale des mutilés et combattants