Miriam Belaid, une femme face à la précarité étudiante

Publié le 8 mars 2021

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, 13 Comme Une braque les projecteurs, tout au long du mois de mars, sur des figures féminines du territoire. Honneur à la jeunesse étudiante avec une élève-ingénieure brillante et engagée de 21 ans, Miriam Belaid.

Miriam Belaid
Miriam Belaid, étudiante en 2ème année à CY TECH. © LD-CACP

Le 28 février, l’association étudiante ASTRE (Association Solidaire et Transculturelle de Récoltes pour l’Egalité) a effectué une distribution de 162 paniers alimentaires destinés aux étudiants du campus cergypontain. A sa tête, Miriam Belaid. Originaire de Creil, la jeune femme est arrivée à Cergy à 17 ans, bac scientifique en poche, pour intégrer la classe préparatoire de l’EISTI, devenue depuis CY TECH, la branche « grande école » de CY Cergy-Paris Université.

Admirative

« Pendant le cycle de Prépa on ne pouvait pas adhérer aux associations de l’école. Mais dès ma première année ici, j’avais été admirative de voir ce qu’ASTRE était capable de faire ». La jeune femme relate comment, sans grands moyens, les 5 ou 6 étudiants créateurs de l’association avaient pu monter des opérations de maraude « grand froid » auprès des personnes en difficulté avec distribution de vêtements chauds. Et dès son arrivée, Miriam apprécie « le côté soudé » de sa promo. « Même si c’était dur et fatiguant car je travaillais à côté, avec une heure de transport… mais ici j’avais ici des amis, et ça aide » !

distribution de colis
La distribution de colis alimentaires à destination des étudiants organisée par ASTRE le 28 février dernier à Cergy. © M Belaid

 

Une distribution par mois

Alors une fois admise en cycle d’ingénieur, Miriam, rejoint l’association Astre et s’engage à son tour dans une démarche solidaire. « L’année dernière j’en suis devenue présidente. Nous sommes une vingtaine, et à vingt motivés, on peut faire beaucoup de choses ». En 2020, avec la crise du Covid, l’aide alimentaire s’est révélée malheureusement plus nécessaire que jamais. « Nous avons essayé d’assurer au moins une distribution alimentaire par mois et nous continuons depuis. Lors de la dernière au Ponceau à Cergy, le 28 février, près de 100 personnes sont arrivées en moins de 10 minutes… Heureusement, nous avions assez pour faire face ! ».

La détresse des étudiants

Si les distributions alimentaires d’ASTRE ne sont pas uniquement en direction des étudiants, Miriam Belaid connait de l’intérieur la détresse qui sévit parmi ses condisciples. « Il y a la détresse psychologique, pas assez prise en compte par les établissements et aussi la grande précarité matérielle ». « Ces difficultés peuvent complètement changer des vies en conduisant à l’arrêt anticipé des études ». Et de citer la demande qui a explosé s’agissant notamment de produits d’hygiène féminine. « J’ai la chance de m’en sortir avec mon job de caissière, mais je ne sais pas comment j’aurais fait si j’avais dû choisir entre manger et mon hygiène ». (NDLR : une étude de la FAGE a récemment révélé que 33 % des étudiantes avaient besoin d’un soutien financier pour se procurer des protections hygiéniques, dont le coût avoisine 300 € par an.)

Agir contre la précarité menstruelle

Aujourd’hui, à 21 ans, Miriam est près d’entamer sa dernière année d’école d’ingénieur. Elle se voit demain « data scientist » c’est à dire spécialiste des données, peut-être dans l’univers de la Finance. « Mais je garderai un lien avec ASTRE, que je voudrais voir prospérer ». Et avant d’en quitter la présidence, la jeune femme voudrait faire voir le jour à son projet de mise à disposition gratuite de serviettes hygiéniques dans toutes les toilettes de son établissement. « Avec 20 % de l’effectif des élèves nous sommes ici trop peu de femmes, mais nous sommes soudées ».