Mirapolis ou la légende du premier parc d’attractions en France. Créé de toute pièce dans les années 80, sur un terrain de 50 hectares à l’extrémité de Cergy-Pontoise, le projet rivalise d’ambition avec les grands parcs américains de l’époque. En 1987, son inauguration en grande pompe par Jacques Chirac est une incroyable publicité pour Cergy-Pontoise. Conçu pour accueillir 2,5 millions de visiteurs/an, Mirapolis compte 29 attractions – le double cinq ans plus tard – dont un grand huit (« Miralooping »), des rapides ou encore un bateau à balancier, 13 boutiques, 8 restaurants, 12 kiosques de restauration rapide… Le rêve démesuré de quelques investisseurs privés.
Le bateau à balancier
Grandeur et décadence
« Entrez dans un monde de folie, le monde de l’histoire, des contes et des légendes de France« , annonce la plaquette de présentation. La thématique du parc est celle des grands romans et contes français. À chaque zone correspond un thème : la ville d’Ys, le château des sortilèges, les Impressionnistes, le palais de Dame Tartine, la forêt de Brocéliande… Clou du parc : sa mascotte, un gigantesque Gargantua de 33 mètres de hauteur, visible depuis l’autoroute A15 et situé pile dans l’axe du boulevard des Merveilles et de la gare de Cergy-le-Haut. Immanquable !
Le palais de Dame Tartine
Un rêve parti en fumée
L’échec de Mirapolis s’explique sans doute par des problèmes de conception, d’entretien, de gestion, mais surtout par un concours de malchances. Dès le 21 mai 1987, le premier jour d’ouverture, les ennuis commencent. Des forains, armés de barres de fer, manifestent à l’entrée du parc contre cette concurrence qu’ils considèrent déloyale. Les affrontements, très médiatisés, font une mauvaise publicité au site. Le lendemain, seuls 300 tickets sont vendus. Mais les forains ne s’arrêtent pas là et multiplient les actes de malveillance : faux billets vendus, saccages d’attractions, clous déversés sur le parking du parc… À tout cela, s’ajoute une météo abominable. Au final, avec 350 millions de pertes accumulées et 600.000 visiteurs/an, au lieu des 2,5 millions attendus, le parc ferme définitivement ses portes en octobre 1991. Les manèges sont démontés, puis revendus en Allemagne. Le rêve est parti en fumée et Mirapolis n’est plus qu’un terrain vague. Mais 25 ans plus tard, sur la terre fertile du parc, un nouveau projet touristique d’éco-village est en cours d’étude. À suivre…
Grande & petites histoires
David Fremery, président de l’association Mirapolis, les amis du parc
« Le parc n’a fonctionné que cinq ans et pourtant, il a marqué les mémoires de toute une génération de Cergypontains et de Franciliens. L’association Mirapolis, les amis du parc a été créée en 2013 dans l’objectif de racheter des éléments du parc, de les restaurer et d’organiser une première exposition sur la commune de Menucourt. Contre toute attente, le projet suscite l’engouement. Aujourd’hui, l’association est parrainée par Anne Fourcade – l’architecte qui a imaginé le parc – et compte une soixantaine d’adhérents nostalgiques. Pour faire revivre la mémoire du parc, nous organisons régulièrement des expositions. En 2013, la thématique était centrée sur les Mirapoliens, les anciens salariés du parc et, en 2014, sur l’histoire de Mirapolis. En mai dernier, nous avons célébré les 30 ans de l’ouverture du parc. Pour l’occasion, l’association a exposé des photos, des archives, des objets et des vidéos… Mirapolis comme si vous y étiez ! L’émotion était palpable. Mirapolis représente un rêve d’enfant. Le thème du parc autour des contes et des légendes a particulièrement marqué notre génération. Tous les personnages de nos livres préférés étaient regroupés dans un lieu enchanteur. Imaginez pour un enfant, l’impact visuel et émotionnel de ce fameux Gargantua de 33 mètres ! Ce souvenir est impérissable. Adultes, nous conservons notre âme d’enfant grâce à l’association. »