Depuis dix ans, les emplois industriels ont progressé de 8 % sur le territoire de Cergy-Pontoise, alors qu’ils reculaient de 25 % en Île-de-France ! Avec le tertiaire, l’agglomération compte 9 000 établissements, 90 000 emplois et surtout – chiffre symbolique – pratiquement un emploi pour un habitant actif. Une partie de ces résultats est à mettre à l’actif des entreprises qui se créent ou s’implantent. Mais une bonne part de la progression vient de celles qui se développent sur place, créent de nouveaux emplois, s’installent dans des locaux plus grands… tout en restant fidèles à Cergy-Pontoise. Qu’est-ce qui décide une entreprise à rester, plutôt qu’aller voir ailleurs ? Quels sont les atouts du territoire aux yeux des sociétés qui se développent ? Réponses par l’exemple…
Dominique lefebvre et Jean-Paul Jeandon, le jour de la pose de la première pierre des nouveaux locaux de de Sensient Cosmetic Technologies à Saint-Ouen l’Aumône, le 29 septembre dernier.
Des parfums et des ailes
Sensient Cosmetic Technologies – fabricant de pigments et d’ingrédients pour l’industrie cosmétique – vient ainsi, le 29 septembre, de poser la première pierre de ses nouveaux locaux à Saint-Ouen l’Aumône. Depuis le rachat des Colorants Wackherr en 1999 par Sensient Technologies Corporation, une firme américaine basée à Milwaukee, la filiale française a bien grandi, passant de 30 à 136 salariés, pour atteindre un chiffre d’affaires (CA) de 47 M€, dont près de la moitié à l’exportation. « Nous étions un peu à l’étroit, reconnaît Gaëlle Frère, la directrice générale Europe et Asie. Cette extension va nous permettre, d’une part, d’accroître notre production et d’améliorer la chaîne logistique et, d’autre part, de consacrer davantage de ressources à notre R&D, afin de développer un centre global d’expertise ». Au printemps 2015, un bâtiment de 1 900 m2 accueillera les bureaux et le nouveau centre de R&D (Recherche et développement) aux moyens renforcés. En 2016, ce sera au tour de l’usine avec, au final, une augmentation de 70 % de la superficie des locaux. L’existence d’importantes surfaces disponibles sur le site même de Sensient a été décisive dans ce projet d’extension. Sans oublier la présence, sur Cergy-Pontoise, de quelques 150 entreprises de la filière cosmétique, soit 2 000 emplois. Avec Safran Sagem, c’est un grand nom de la technologie française – dans l’aéronautique, l’espace, la défense et la sécurité – qui renforce sa présence : 1,3 milliard d’euros de CA et 7 500 salariés pour Sagem, 15 milliards et 66 000 personnes pour le Groupe Safran. Sagem emploie déjà 600 personnes dans son centre de recherche d’Éragny-sur-Oise. Séduite notamment par l’accessibilité, les services proposés et la proximité des écoles d’ingénieurs et de l’université, l’entreprise va regrouper, dans le parc d’activités des Bellevues, son pôle R&D pour le nord-ouest francilien. Environ 600 chercheurs basés à Argenteuil vont ainsi rejoindre le site d’Éragny, pour constituer le deuxième pôle R&D du groupe, avec 1 200 salariés, dont 70 % de chercheurs et cadres.
Grandir à Cergy-Pontoise
D’autres entreprises changent d’adresse lorsqu’elles grandissent. C’est le cas de Mérieux Nutrisciences – ex-Silliker -, une filiale du groupe Mérieux, spécialisée dans le conseil, l’analyse, la recherche et la formation dans la qualité et la sécurité des produits alimentaires. Elle réalise environ 50 M€ de CA avec 670 collaborateurs en France, dont une centaine à Cergy. Installée depuis les années 80 en face du commissariat, l’entreprise a inauguré en fin d’année son nouveau siège au sein du parc de l’Horloge. « Avec le développement de l’entreprise, nous avions besoin de davantage de surface, explique David Valenti, son directeur général. Lorsque nous avons décidé de déménager, nous avons étudié les opportunités dans la proche banlieue ouest. Mais finalement, plusieurs raisons ont plaidé pour une nouvelle implantation à Cergy : les coûts attractifs, les lieux d’habitation de nos collaborateurs, mais aussi les moyens de transport vers Paris – et donc vers Lyon, le siège du groupe Mérieux –, la proximité de certaines écoles et le cadre de vie ». Changement d’échelle avec Spie, leader européen indépendant des services multi-techniques dans le génie électrique, mécanique, climatique et les services liés à l’énergie. Spie – 37 000 collaborateurs dans 37 pays et un CA de 5 milliards d’euros – est présente depuis 26 ans à Cergy-Pontoise, siège de l’entreprise. Après une croissance de l’ordre de 9 % par an depuis 2006, l’entreprise va agrandir son siège social dans le parc Saint-Christophe à Cergy. Un parc que Spie connaît bien : elle l’a en effet construit pour son propre compte en 1988 – l’entreprise s’appelait alors Spie-Batignolles et travaillait dans le BTP –, avant d’en confier la gestion à Eurosic dans le cadre d’un partenariat.
Le nouveau siège social d’ABB France, inauguré à Cergy le 9 octobre dernier. L’entreprise est présente depuis près de 40 ans à Cergy-Pontoise.
Leaders mondiaux
Un autre grand de l’industrie, ABB, leader mondial des technologies de l’énergie et de l’automation (145 000 collaborateurs dans 100 pays et 33 milliards d’euros de CA) a inauguré en octobre son nouveau siège social en France : un bâtiment entièrement réhabilité du parc d’activité de l’Horloge à Cergy, où travaillent déjà 200 salariés. Le choix d’ABB France – présent depuis près de 40 ans sur l’agglomération – d’implanter son nouveau siège à Cergy s’explique avant tout par la volonté de conserver ses collaborateurs qui exercent des métiers très pointus et sont nombreux à s’être installés à Cergy-Pontoise ou dans ses environs. Dernier exemple – et non des moindres – de l’enracinement des entreprises : Air Liquide Welding, filiale d’Air Liquide, leader mondial des gaz, technologies et services pour l’industrie et la santé (50 000 salariés, 15,2 milliards d’euros de CA). « Nos locaux actuels, qui remontent à la fin des années 1960 n’étaient plus adaptés, explique Corinne Hodan, chef du projet « New Place », le nom de code de l’opération. Nos nouveaux locaux dans le parc de l’Horloge à Cergy, que nos 220 collaborateurs rejoindront à l’automne prochain, sont construits pour nous. Nous passons de 10 000 à 4 500 m2 et, pourtant, le bâtiment répond davantage à nos besoins, grâce à une conception innovante. En tout cas, pour nous, Cergy-Pontoise était la localisation idéale car un grand nombre de nos salariés habitent à proximité… »
Trois questions à...
Jean-Paul Jeandon, vice-président de la communauté d’agglomération, chargé des finances, de la mutualisation, de l’action économique et de l’attractivité du territoire
Spie, Sagem, Sensient, Silliker… que représentent ces annonces pour Cergy-Pontoise ?
Elles confortent l’emploi, mais aussi l’attractivité de l’agglomération. C’est la preuve que ces entreprises y trouvent de bonnes conditions d’accueil, qui répondent à leurs besoins de développement en termes d’espace, de formation, de transports, de qualité de vie… Cergy-Pontoise offre aux entreprises la qualité d’une vraie ville aux prix très compétitifs de la seconde couronne.
Comment se positionne l’agglomération en matière de développement économique ?
L’objectif est de favoriser le développement des entreprises déjà présentes sur le territoire. C’est pour cela que nous renforçons les synergies entre les entreprises et l’université et les écoles, ou que nous développons le très haut débit. L’existence du campus compte pour beaucoup dans le choix des entreprises de s’implanter ou de rester à Cergy-Pontoise. Nous soutenons également les trois filières présentes sur le territoire : cosmétique, aéronautique / défense et écomobilité. Nous encourageons également les créations d’entreprises, en travaillant notamment à la mise en place d’un parcours entrepreneurial complet et facilité. Enfin, nous travaillons également à attirer des entreprises implantées hors du territoire.
Que fait l’agglomération pour rester attractive ?
En termes d’accompagnement, nous offrons aux entreprises une véritable plateforme de services, en particulier avec le site « Entreprendre à Cergy-Pontoise », mais aussi avec la mise en relation et le développement des échanges entre acteurs. L’agglomération mène également un gros travail sur la rénovation des parcs existants et la création d’une nouvelle offre d’accueil, comme dans la plaine des Linandes.