Le parc Le Nôtre : un parc très solidaire

Publié le 25 février 2016

Le parc Le Nôtre est un poumon vert de 10 hectares en plein cœur de Saint-Ouen l'Aumône. Un parc qui s'est ouvert à la construction de logements après l'appel de l'abbé Pierre durant l'hiver 1954. Un parc qui est aujourd'hui au cœur d'une importante rénovation urbaine, qui recrée du lien entre les quartiers et les habitants…

Le parc et le château remontent au XVIIe siècle et appartenaient au seigneur de la Corée, capitaine du duc d’Artois. Le château, dont il ne subsiste qu’une aile restaurée en 1980, avait alors une taille trois fois supérieure. Le bâtiment a d’ailleurs connu bien des vicissitudes. Il a en effet été entièrement reconstruit au milieu du XIXe siècle, avant d’être racheté par la ville et d’abriter désormais une consultation de protection maternelle et infantile du département. Seuls vestiges du domaine d’origine : la tour de l’escalier du château, le pigeonnier et ses 16 000 boulins (niches pour pigeons, qui procuraient un très riche fumier) et… le parc Le Nôtre.


Le pigeonnier, avenue de Verdun

Un élan de générosité
Le nom de ce dernier est très flatteur, mais il est très peu probable que le grand jardinier et paysagiste de Louis XIV soit pour quelque chose dans la création du lieu. Au mieux, peut-être un de ses élèves s’en est-il mêlé… Ce flou sur ses origines n’ôte rien à la qualité du parc et à son emplacement exceptionnel en centre ville. Composé au départ de tilleuls et de marronniers, il fait, depuis 1993, l’objet d’un important programme de plantations, avec des chênes, des érables, des hêtres, des frênes, des conifères, des ginkgos…

Le destin du parc bascule un jour de l’hiver 1954. Le 1er février, l’abbé Pierre lance en effet, sur les ondes radiophoniques, son célèbre appel : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… ». À une époque où sévit une terrible crise du logement, l’appel bouleverse les Français. Touché lui aussi, le propriétaire du château décide d’offrir une partie du parc à l’association Emmaüs, créée par l’abbé, afin d’y construire des logements sociaux. Naît alors la résidence « Parc Le Nôtre », qui compte 564 logements répartis en plusieurs bâtiments. L’architecture est d’époque : des barres d’immeubles, mais heureusement de petite taille et ne comptant pas plus de quatre étages. Dans cette opération, le parc perd un peu de sa surface, mais il y gagne en visibilité. En faisant tomber le mur d’enceinte, les nouveaux bâtiments l’ouvrent en effet sur la ville.

Parc Le Nôtre Saint-Ouen l'Aumône

Une rénovation de grande ampleur
Il reste que cette architecture de la fin des années 50 a vieilli, et les bâtiments avec elle. Ils font l’objet d’un ambitieux projet de rénovation urbaine, lancé en 2007 et qui doit s’achever en 2017 (voir encadré ci-dessous). Portée par l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), la ville de Saint-Ouen l’Aumône et Emmaüs Habitat, l’opération se fixe pour objectifs de mieux relier le quartier au reste de la commune, d’améliorer la qualité de vie, mais aussi de recomposer et de diversifier l’offre de logements.

Le parc Le Nôtre devrait également y gagner, puisque la surface dégagée par la destruction de deux bâtiments d’habitation de la résidence – dont les habitants ont été relogés sur le quartier – va être aménagée en un grand mail piétonnier, avec des espaces de convivialité. Livraison prévue en 2017. Le parc tricentenaire a donc encore de beaux jours devant lui…

Grande & petites histoires

Robert Rice, directeur de l’urbanisme à la mairie de Saint-Ouen l’Aumône

« L’opération de rénovation urbaine remonte à 2007-2008, lorsque le projet a été présenté à l’Anru. Le chantier a commencé par la rénovation et la résidentialisation – autrement dit l’amélioration du cadre de vie – des 354 logements destinés à être conservés sur le parc Le Nôtre. Dans le même temps, plusieurs programmes de logement sociaux neufs ont été lancés pour accueillir les résidents des bâtiments promis à la démolition. Puis, le long de l’avenue de Verdun qui donne sur le centre ville, on a supprimé une première barre qui rendait le parc invisible. La seconde barre sera détruite au mois de juin 2016. Cela permet, entre autres, d’ouvrir le parc sur la ville. Bien entendu, tous les habitants de ces barres ont été relogés sur la commune : 262 logements détruits et 262 logements créés hors de l’emprise du parc. De son côté, la ville a restructuré la voirie, aménagé les espaces publics, amélioré le stationnement, rénové l’éclairage et engagé un traitement paysager. Au total, l’opération représente un investissement d’environ 50 millions d’euros. Elle à été financée par l’Anru, par Emmaüs Habitat et par les collectivités : région, département, agglomération et commune. Tout au long des chantiers, résidents et habitants ont été régulièrement consultés, associés et informés : réunions publiques, visites, lettres d’information… L’opération a également fait l’objet d’un partenariat exemplaire. Outre les acteurs déjà cités, je pense en particulier à la direction départementale des territoires – qui dépend de l’État -, mais aussi à l’amicale des résidents du parc Le Nôtre. Composée à 90 % de femmes habitant depuis longtemps dans la résidence, l’association s’est montrée très active et très constructive tout au long de l’opération. »