Difficile de dater la naissance du parc, tant son histoire se confond avec celle de ce vaste espace naturel qui grimpe sur le flanc du plateau de l’Hautil. Sans doute passe-t-il du statut de forêt à celui de parc paysager lors de la construction du château de Menucourt aux XVe et XVIe siècles et – plus encore – lorsque le château se transforme, au XVIIIe siècle, en une grande demeure de plaisance.
Derrière les grilles
Les propriétaires successifs aménagent le parc, mais celui-ci reste un domaine privé, que les habitants de Menucourt ne font qu’entrapercevoir par-dessus le mur d’enceinte et à travers la grille d’entrée du domaine. La situation change en 2003. À l’époque, le château – victime de travaux de rénovation malheureux – menace ruine et le parc retourne à l’état sauvage. La communauté d’agglomération décide alors de racheter l’ensemble pour préserver ce site de près de 60 hectares. Première priorité : trouver un repreneur pour le château. Ce sera la Fondation John Bost, spécialisée dans la prise en charge des personnes âgées ou handicapées et déjà présente à Jouy-le-Moutier et à Vauréal. Le château d’origine n’étant plus restaurable, un bâtiment nouveau – mais qui s’en inspire fortement – est alors conçu. Il accueillera un foyer d’accueil médicalisé d’une cinquantaine de places, destiné à des personnes handicapées psychiques vieillissantes.
Un air d’Amérique
Sur le reste du domaine, l’agglomération décide d’ouvrir le parc aux Cergypontains. Une zone contiguë au village, d’environ sept hectares, est choisie et aménagée. L’accès de ce nouveau parc est réservé aux piétons, poussettes et vélos d’enfants. Pour profiter pleinement de cet espace, des circulations sont rétablies, l’orangerie et la maison du gardien sont réhabilitées, de même que les murs d’enceinte. Les travaux mettent également à jour un système original de stockage et de circulation de l’eau. Il fallait bien ça pour que chacun puisse profiter de cet espace vert exceptionnel. Car le parc recèle des trésors végétaux, comme de très beaux hêtres – dans la partie non aménagée -, ou encore des cèdres et des sequoias. Il se murmure que ces derniers auraient été rapportés d’Amérique au XVIIIe siècle par le botaniste André Michaux, qui explora la baie d’Hudson. Comme une trace d’Amérique au cœur de l’agglo…
Grande & petites histoires
Maurice Bréant, membre fondateur de l’association de promotion du patrimoine et d’étude locale
« J’ai toujours habité Menucourt. À l’époque, ce n’était qu’un village. Le château et son parc étaient isolés de la commune par le mur d’enceinte. La grille était toujours fermée et aucun habitant n’était autorisé à entrer, sauf deux ou trois personnes qui venaient aider le jardinier. La seule exception – que j’ai vécue – concernait les enfants de Menucourt. Le jour de la première communion, ils étaient invités à une collation par les enfants du châtelain. Dans l’actuelle maison du gardien vivait alors un garde-chasse, chargé de surveiller le domaine, de veiller à la vente des arbres, mais aussi d’organiser des chasses pour les invités. Malgré sa présence, les enfants du village ne résistaient pas toujours à l’attrait de l’aventure. Je me souviens, par exemple, être monté dans la grande tour érigée au fond du parc. L’effet était étrange, car la tour commençait déjà à pencher – au point qu’il a fallu la détruire en 1984 -, mais la vue valait vraiment la peine. C’est après la vente du château et du parc par ses derniers propriétaires occupants, en 1968, que le domaine a commencé à décliner. J’avais alors ma vie professionnelle, mais lorsque j’ai pris ma retraite, j’ai recommencé à m’intéresser au parc et au château. Avec mes frère et sœur, nous avons monté l’Association de promotion du patrimoine et d’étude locale (APPEL), qui réalise des articles et des ouvrages sur l’histoire de Menucourt.