Le cinéma à Cergy-Pontoise : Hollywood sur Oise

Publié le 29 avril 2016

Certains lieux ont marqué l'histoire du cinéma : La Ciotat et l'arrivée du train en gare, qui effraya les premiers spectateurs des frères Lumière, Cherbourg et ses parapluies, Paris et ses innombrables décors... Mais Cergy-Pontoise et le Val d'Oise ont aussi partie liée avec le 7e art. Et beaucoup plus qu'on ne le croit...

Depuis l’invention du cinéma, plus de 1.000 films ont été tournés dans le Val d’Oise et, depuis sa création dans les années 70, Cergy-Pontoise sert de décor à de nombreux tournages. Commençons néanmoins par deux dates antérieures à l’agglomération. Le premier film identifié comme tourné dans le Val d’Oise remonte à 1901 et porte pour titre Les patineurs du lac d’Enghien. Autre date phare dans l’histoire mondiale du cinéma : durant l’été 1955, le grand réalisateur Vincente Minelli tourne à Auvers-sur-Oise La vie passionnée de Vincent Van Gogh, avec Kirk Douglas dans le rôle titre. C’est le premier film américain tourné entièrement sur site et en décors réels, « On Location » comme disent alors les studios d’Hollywood.

Zoom sur l’agglo
Après ce plan panoramique, zoomons maintenant sur l’agglomération de Cergy-Pontoise. Celle-ci offre en effet une grande diversité de décors : la ville nouvelle bien sûr, mais aussi des espaces naturels, l’île de loisirs, des villages préservés et même un paysage « maritime » avec Port Cergy, très inspiré de Port-Grimaud… Sans oublier la proximité du Vexin, qui offre la campagne à 30 kilomètres de Paris.
Le film le plus emblématique est sans doute L’Amie de mon amie (1987), d’Eric Rohmer, où l’agglomération n’est pas seulement un décor mais un personnage à part entière. En 1975, Eric Rohmer lui avait d’ailleurs consacré un documentaire intitulé Enfance d’une ville : Ville nouvelle. Autres films qui utilisent largement la ville nouvelle : I comme Icare d’Henri Verneuil (1979) – dans lequel le président Jarry (avec un « y » comme Kennedy) est assassiné avenue Bernard Hirsch par un tueur nommé Daslow (l’anagramme d’Oswald) -, Mais aussi Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais (1980, tourné aussi à Éragny) ou I Love You de Marco Ferreri (1986). Et lorsque, dans Les Visiteurs (1986), Jacquouille la Fripouille et Godefroy de Montmirail débouchent de la forêt et découvrent, éberlués, une ville moderne, celle-ci n’est autre que l’agglomération.

Immeubles ou châteaux ?
Si Cergy incarne ainsi l’architecture moderne, Pontoise sert plutôt de décor à des films historiques : Monsieur N (Napoléon) d’Antoine de Caunes (2003), Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet (2004, tourné aussi à Neuville) ou La Môme d’Olivier Dahan (2007), mais aussi Le vieux fusil de Robert Enrico (1975) – dans lequel l’hôpital de Tarbes est en fait le collège Chabanne – ou encore, toujours dans le registre historique, la série de France 3 Un village français (depuis 2009).
Mais les autres communes ne sont pas en reste. Dans Trois hommes à abattre de Jacques Deray (1980), Alain Delon fait exploser une station-service à Saint-Ouen l’Aumône. Pour sa part, Jouy-le-Moutier a accueilli des films comme Rue des Prairies de Denys de La Patellière (1959) ou Partir, revenir de Claude Lelouch (1985).
Parfois, c’est une grande partie de l’agglomération qui sert de décor à un film. Illustration avec La Gitane de Philippe de Broca (1986), dans lequel le spectateur attentif reconnaîtra notamment des vues de Cergy, Éragny, Osny et Pontoise. Un bel exemple, parmi d’autres, de la longue histoire entre l’agglomération et le cinéma…

Grande & petites histoires

Patrick Glâtre, chargé de mission Image & Cinéma au conseil départemental du Val d’Oise

Les deux avantages majeurs de Cergy-Pontoise sont la proximité de Paris et la diversité des décors. On le voit, par exemple, avec le contraste entre la ville nouvelle et le Vexin pourtant tout proche. Si les atouts sont bien réels, encore faut-il les mettre en valeur auprès des réalisateurs, mais aussi des repéreurs et des régisseurs, qui préparent les tournages. C’est important, car les tournages ont également un impact significatif sur l’économie locale. Aussi le département a-t-il créé la mission Image & Cinéma en 2001. Celle-ci peut notamment aider la production à trouver les décors correspondant au scénario. J’ai aujourd’hui de nombreux liens dans le milieu du cinéma et les repéreurs n’hésitent pas à m’appeler lorsqu’ils sont à la recherche d’un décor particulier. Mais le rôle de la mission ne s’arrête pas là. Nous participons, par exemple, à l’opération « Collèges au cinéma » avec, en particulier, des cinémas de Vauréal et Jouy-le-Moutier. Nous soutenons aussi les manifestations et événements autour du cinéma, comme le Festival du court-métrage étudiant de Cergy-Pontoise, qui réunit plus de 300 écoles. Le département valorise également le patrimoine cinématographique, par exemple avec une base recensant tous les films tournés dans le Val d’Oise et une vidéothèque départementale regroupant environ 300 heures de films personnels, confiés par des particuliers, ou encore avec l’exposition « Pontoise au cinéma ».