La tour bleue : les jeunes mariés voyaient la vie en bleu

Publié le 1 novembre 2013

Tour bleue, c’est facile à comprendre ! Mais pourquoi ce surnom imagé de tour des jeunes mariés ? Pour le savoir, il faut revenir à l’époque des pionniers de la ville nouvelle.

Si la préfecture, la tour GDF ou le centre culturel et administratif incarnent le Grand Centre, la tour bleue des Cerclades est le meilleur symbole de ses premiers habitants. Nous sommes au début des années 70 et la ville nouvelle sort à peine de terre. Lorsque la tour accueille ses premiers locataires, en 1974, la préfecture existe depuis quatre ans, la première tranche du centre commercial vient tout juste d’ouvrir ses portes et le centre André Malraux n’est encore qu’un projet. Cergy compte moins de 10 000 habitants et la tour bleue est alors le seul immeuble d’habitation sur la dalle. Au pied du bâtiment, c’est un chantier permanent et les bottes sont fortement recommandées.

Grands espoirs et petits budgets

Oui, mais pourquoi ce surnom de tour des jeunes mariés ? Ville nouvelle, Cergy-Pontoise est aussi une ville jeune. De nombreux jeunes couples s’y installent pour profiter des emplois proposés par les entreprises. Ils ont l’esprit pionnier, l’espoir d’une vie meilleure, mais pas beaucoup d’argent. Or, la tour bleue est un ILM – un immeuble à loyers modérés –, bien adapté à ces petits budgets. Mais surtout, les appartements sont entièrement équipés, donc pas de dépenses pour emménager… Enfin, les quinze niveaux de la tour offrent des petits logements : 64 studios, 30 deux-pièces et autant de trois-pièces. La majorité des habitants sont donc des jeunes couples et des célibataires.

Une tour tout en courbes

L’architecture de la tour bleue est originale : à l’exception des cloisons séparant les appartements, elle n’est faite que de courbes. Les murs, les aménagements intérieurs, les meubles et même le lit, fourni avec le logement, sont arrondis ! Philippe et Martine Deslandes – un couple d’architectes, tout un symbole ! – ont conçu la tour comme une marguerite, dont la tige abrite les circulations et les pétales les appartements. Une vision certes poétique, mais pas forcément facile à vivre pour les habitants. Pourtant, la vie s’organise. À une époque où la machine à laver est encore un luxe, la tour offre une laverie commune, une garderie et un service de vente de plats cuisinés. Sans oublier la consultation du planning familial qui s’installe dès 1975. Mais l’immeuble a vieilli. Après des premiers travaux portant sur les parties communes, l’électricité et les ascenseurs, une réhabilitation d’ensemble est programmée. Au terme de seize mois de chantier, la tour des jeunes mariés retrouvera une toute nouvelle couleur… bleue!

Grande & petites histoires

LE PLANNING À TOUR DE BRAS

L’histoire de la tour bleue est intimement liée à celle du Planning familial. L’année 1975 est doublement historique : elle voit l’installation de l’association « Mouvement français pour le planning familial », au rez-de-chaussée du bâtiment, mais elle marque surtout un véritable tournant pour le droit des femmes, avec le vote de la loi Veil, autorisant l’interruption volontaire de grossesse. « À l’époque, le planning était constitué uniquement de féministes militantes fortement engagées dans la lutte pour le droit à l’avortement. Elles organisaient même les voyages en Hollande ou en Angleterre pour les femmes souhaitant avorter. Le slogan « Un enfant si je veux, quand je veux » était alors le cheval de bataille du Planning familial » explique Babeth Gazengel, conseillère. Persuadée que les avancées individuelles passent par une lutte collective et que les combats sont loin d’être achevés, l’association continue à défendre le droit à la contraception, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité.

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