Orphée a été fondé en 2004 dans les Yvelines par le Théâtre Eurydice, Viva la Vida a été créé en 2012 dans le Val d’Oise par le Théâtre du Cristal. Tous deux centrés sur l’art et le handicap, ils ne constitueront dès 2018 plus qu’une seule manifestation, qui s’étendra à l’ensemble de la région Île-de-France. Pour cette édition 2016, « charnière », ils se réunissent pour présenter le meilleur de l’actualité des scènes art et handicap de France et d’Europe. Des spectacles innovants et singuliers, surprenants par leur qualité et qui aident à changer notre regard sur le handicap. Parallèlement, ils invitent les publics handicapés à fréquenter plus largement des établissements culturels, aussi faits pour eux.
« L’art brut est aujourd’hui largement reconnu et considéré, ce qui n’est pas encore le cas des spectacles vivants interprétés par des personnes handicapées, témoignent Olivier Couder et Richard Leteurtre, respectivement directeurs du festival Viva la Vida et du festival Orphée. En éclairant ces démarches, nous aspirons à changer le regard sur le handicap, souhaitant faire prendre conscience au grand public que le handicap ne se signe pas seulement par des déficiences mais qu’il peut aussi comporter des aptitudes insoupçonnées, au-delà des seules compétences mathématiques des autistes, si souvent montées en épingle ».
Du 27 septembre au 21 octobre, 60 représentations seront données dans 40 lieux des Yvelines et du Val d’Oise. Des évènements, ayant pour point commun d’être interprétés par des artistes en situation de handicap ou d’en aborder les problématiques. Ils surprennent par leur qualité artistique. Colloque et rencontres professionnelles viennent compléter le programme, comme autant d’opportunités d’interroger notre rapport au handicap.
Différents lieux de l’agglomération se sont prêtés à l’accueil de manifestations dans le cadre d’« Orphée & Viva la vida » : L’apostrophe – scène nationale, le Théâtre de l’Usine, le Théâtre de Jouy, le Forum de Vauréal, Cherche-trouve, ainsi que les cinémas Utopia et L’antarès. Télécharger le programme.
Le point de vue de Jérome Bel, chorégraphe
Chorégraphe et metteur en scène du spectacle Disabled theater, donné à L’apostrophe – Théâtre des Louvrais le 30 septembre en inauguration Val d’Oise du festival, pour lequel il a travaillé avec la troupe d’acteurs handicapés du Theater HORA à Zürich, Jérôme Bel traduit une vision du monde qui fait de l’autre un riche territoire vers lequel se diriger avec curiosité, plutôt qu’un être à assujettir selon nos propres logiques.
« Concernant le handicap mental, je voyais bien qu’il y a un problème de représentation et c’est précisément mon job, de travailler sur la représentation (…) Je n’ai pas du tout essayé de faire rentrer les acteurs du Theater HORA dans mon langage, dans ma forme. Ce qui me plaisait, c’était que si une mouche entrait sur le plateau, le spectacle s’arrêtait parce qu’ils la regardaient tous voler. Je trouvais cela fantastique ! (…) La question centrale, c’est de savoir comment le théâtre peut émanciper les danseurs, les spectateurs et moi-même en tant que metteur en scène. Je trouve qu’on ne doit pas chercher à inclure ces personnes en situation de handicap mental dans notre monde, mais que c’est à nous d’aller vers le leur. Nous devons aller vers l’altérité plutôt que de la transformer pour qu’elle nous ressemble. »
(Propos recueillis par Milena Forest le 2 juin 2016)