Fadouwa Ledhem, la course en tête

Publié le 15 mai 2019

Fadouwa Ledhem court à l’Entente Athlétisme Cergy-Pontoise Agglomération (EACPA). Elle s’est récemment imposée à trois reprises dans des compétitions nationales de course de fond et ne compte pas s'arrêter là. Portrait d'une déterminée.

C’est à six ans seulement qu’elle a commencé l’athlétisme. « Enfant, je courrais tout le temps et mon institutrice m’avait prédit que je ferais de la course à pied ». Plus tard, « pas très studieuse et ne pensant qu’au sport », Fadouwa Ledehm entre en internat sport-études, de la seconde à la terminale. Les années suivantes sont difficiles. Devant s’assumer seule assez jeune, elle travaille pour vivre et consacre l’essentiel de son argent aux études. Elle enchaîne un DUT et une licence de Commerce. Puis elle décroche un master en Management du sport et un autre en e-business au pôle Léonard de Vinci.

Intermitence forcée

Pour Fadouwa, cette période de vaches maigres entre 18 et 26 ans correspond également à la présence d’une maladie sur laquelle elle se veut discrète mais qui se révèle invalidante à intervalles réguliers. Elle pratique toujours l’athlétisme, mais seulement par intermittence. « Pourtant, le sport c’est ma vie, il m’a permis de sortir d’un milieu pas facile, de faire de bonnes rencontres ». C’est justement à ce moment qu’elle croise Philippe Favreau, l’actuel président de l’Entente Athlétisme Cergy-Pontoise Agglomération (EACPA), qui devient son coach. « Philippe, c’est un peu mon père, qui me ravitaillait quand j’étais à court pour manger ou m’apportait des chaussures pour remplacer celles trouées avec lesquelles je courrais ».

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A l’entrainement sur la piste du stade des Maradas, siège de l’EACPA © CACP

Ne pas passer à côté de sa vie

Au sortir des études, Fadouwa s’installe à Lille et travaille chez Apple. « Le boulot de mes rêves » ! « Mais j’étais malheureuse, mon job n’était pas compatible avec la course à pieds en pro, je passais à côté de ma vie ». Alors elle finit par démissionner. « J’ai appelé Philippe, lui ai dit que je ne voulais plus faire que de l’athlétisme : courir, manger, dormir ». Depuis trois ans, sa maladie en totale rémission, voici Fadouwa à fond sur ses objectifs sportifs. Et cela lui réussit : trois médailles d’or nationales en moins d’un an ! En avril 2019, elle devient championne de France aux 10 kilomètres sur piste en 34’07’’. Une performance qui fait suite aux titres nationaux 2018 au semi-marathon et aux 10 kilomètres sur route.

A fond pour les 6 prochaines années

Aujourd’hui, à 31 ans, Fadouwa Ledehm consacre le temps où elle ne court, ni mange, ni dort, à la vie du club et à son propre management de sportive de haut niveau. « Nike compte parmi mes soutiens…et j’ai été vendeuse dans une de leur boutique quand j’étais étudiante ». Elle n’exclut pas de reprendre des études. « Sujet possible de thèse : l’impact des médias sur la carrière de sportif de haut niveau. Mais seulement si je peux m’inscrire en doctorat à horaires aménagés ». Car l’essentiel de ses projets vont bien sûr à la course, avec entraînement deux fois par jour. « Je me donnerai à fond pendant les six prochaines années. Je veux rester sur des objectifs concrets et réalisables, avec pas trop de compétitions mais en visant titres, records et sélection en équipe nationale. Et bien sûr j’ai les JO de Tokyo dans la tête ». Prochain rendez-vous, la coupe d’Europe à Londres en juillet, au sein de l’équipe de France.