Espérer 95, ça vaut la peine !

Publié le 20 mars 2019

Espérer 95, c’est une histoire d'espoir. L’espoir porté par quelques-uns d'aider les personnes placées sous main de justice à s'en sortir. En 40 ans d’activités, l’association s’est diversifiée sans jamais oublier l’essentiel : l’Homme !

Dans les années 70, les aumôniers de la maison d’arrêt du Val d’Oise et quelques militants, pionniers de la ville nouvelle, dénoncent le manque de structures d’accueil dédiées aux personnes sortant de prison. En réponse, ils créent, en 1979, l’association Espace social pour l’éducation, la réinsertion et la réflexion (Espérer 95). « L’objectif est alors de mener des actions de prévention en maison d’arrêt, de sensibilisation du grand public et d’aide aux personnes, très démunies, qui sortent de prison et se retrouvent à la rue », explique Christian Fournier, directeur général de l’association. « L’incarcération engendre souvent un cercle vicieux : la perte de l’emploi, du logement et la séparation avec la famille. Elle abîme, alors mieux vaut l’éviter ». Espérer 95 milite ainsi pour des solutions alternatives.

Accompagner sans juger

Le soutien de l’association auprès des personnes sortant de prison se concrétise, en 1981, par la création d’une première structure d’accueil : l’Hermitage à Pontoise. Espérer 95 reçoit du tribunal de Pontoise (TGI), en 1984, son habilitation au contrôle judiciaire socio-éducatif. Lui sont désormais dévolus l’accueil et la prise en charge des publics placés sous main de justice c’est-à-dire faisant l’objet d’une peine alternative ou de mesures d’aménagement de peine. « L’association plaide pour la réinsertion sociale des condamnés et gagne, en 1987, son premier chantier extérieur, puis son premier chantier d’insertion en 2007 sur Cergy. Ce chantier dans les espaces verts de la ville, ouvert aux personnes bénéficiant d’un aménagement de peine, répond à une vraie logique d’insertion », précise Christian Fournier.

Hébergement d'urgence Espérer 95 Cergy-Pontoise

Hébergement d’urgence

Gérer l’urgence

L’année 1993, marque un tournant. L’association élargit ses statuts à une mission d’hébergement d’urgence pour l’ensemble des publics en difficulté. Première sollicitation : la maire de Cergy, Isabelle Massin, recherche une solution d’accueil pour les personnes sans domicile fixe (SDF). L’ouverture de l’abri de nuit et de la halte de jour, l’Oasis, à Cergy-Saint Christophe, offre alors une alternative à la rue. Autre lieu d’accueil : la Maison Milada, située au sein du centre hospitalier René Dubos de Pontoise, accompagne depuis 2006 des SDF jusqu’à la fin de leur vie. Puis, en 2015, Espérer 95 se voit confier la gestion du service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) sur les volets « Urgence » et « Hébergement/Logement ». Des missions sensibles qui consistent, entre autres, à recenser en temps réel toutes les places d’hébergement disponibles, mais aussi à gérer la plate-forme téléphonique du 115.

En mai 2018, un espace unique dédié aux sans-abris ouvre sur Cergy : l’Ensemble. Comme son nom l’indique, le nouveau bâtiment, flambant neuf, regroupe halte de jour et accueil de nuit, mais aussi une table d’hôte et une cuisine d’insertion. Un projet social innovant !

Espérer 95 Cergy-Pontoise

Cuisine d’insertion dans les locaux de L’Ensemble © Franck Dejardin

Répondre aux besoins du territoire

« Notre action nécessite une excellente coordination avec tous les acteurs du département, notamment sur notre territoire de prédilection : l’agglomération, les villes de Cergy et d’Osny – qui met une salle à disposition de l’association pendant les grands froids. Notre force, c’est notre ancrage territorial » précise le directeur. En 2018, Espérer 95 est d’ailleurs retenue, dans le cadre d’un appel à projet de l’ARS, pour la création – d’ici à 2020 – de 25 lits de halte soin santé (LHSS) sur Pontoise, destinés aux grands exclus.

Actualité oblige : dès 2016, Espérer 95 s’engage auprès des migrants. Pour les aider, l’association ouvre deux structures d’accueil pour les demandeurs d’asile, dont une sur Cergy, dans l’ancienne patinoire mise à disposition par la Communauté d’agglomération. La question étant toujours d’actualité, Espérer 95 se chargera, en 2019, de la mise en place d’une plateforme d’accompagnement et d’intégration des publics réfugiés et demandeurs d’asile.

En espérant qu’Espérer n’ait un jour plus de motif à agir…

Grande & petites histoires

​Agnès Coffin, présidente d’Espérer 95

« En 2019, Espérer 95, fête ses 40 ans d’histoire. 40 ans de lutte contre la paupérisation, les inégalités et pour les alternatives à l’enfermement. Cet anniversaire symbolique salue 40 ans d’engagement – équipe, administrateurs, salariés, bénévoles, partenaires… – auprès des plus vulnérables, afin de leur permettre de cheminer vers une vie digne et de retrouver l’exercice de leur citoyenneté, sans jamais renoncer. L’occasion de faire le bilan de nos actions et de partager nos expériences. Mais aussi le moment de lancer une réflexion autour de notre utilité sociale. La qualifier et l’évaluer est un formidable exercice d’introspection collective ! Car il faut aussi rappeler le soutien de nos partenaires – l’État, le département du Val d’Oise, l’agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Cergy –, sans qui rien ne serait possible. Espérer 95 a su se réinventer, tout en gardant intactes ses valeurs : l’humanisme, le professionnalisme, la pugnacité et la coopération. Car nous ne faisons rien tout seul ! »