L’abbaye de Maubuisson est érigée à Saint-Ouen l’Aumône vers 1236, par la volonté de Blanche de Castille, la mère du futur roi Saint-Louis, lui-même a l’origine de l’édification de celle de Royaumont. Le lieu n’est pourtant guère engageant : ce territoire de futaies aurait servi de repaire à de redoutables brigands, d’où son nom coutumier de Buisson maudit. Mais l’abbaye devient vite opulente, jusqu’à abriter 120 à 150 personnes : religieuses, novices, converses… Les dames de Maubuisson sont dispensées de prononcer des vœux de pauvreté. Saint-Louis, qui aime se rendre à l’abbaye lorsqu’il réside dans son château de Pontoise, y préparera la septième croisade.

Buisson maudit pour rois maudits
Philippe le Bel apprécie, lui aussi, les lieux. Le 14 septembre 1307, c’est réunis à Maubuisson que le roi et son conseil décident l’arrestation des Templiers, dont 54 seront brûlés vifs quelques jours plus tard. En 1314, l’abbaye est le théâtre d’un drame familial qui inspira au XX^e siècle la suite romanesque « Les rois maudits » : Les trois brus du roi – Marguerite, Blanche et Jeanne, princesses de Bourgogne – ont coutume de folâtrer à Maubuisson avec deux gentilshommes de Pontoise, Gauthier et Philippe d’Aulnay. Philippe le Bel, ne supportant pas l’affront fait à ses fils, fait arrêter les deux galants qui seront torturés et décapités. Marguerite et Blanche sont enfermées dans un cachot de Château Gaillard. Pardonnée par son époux Philippe VI, Jeanne, deviendra reine de France.

Des hauts et des bas
Pendant plusieurs siècles, se succèdent à la tête de Maubuisson des mères abbesses de haute tenue et d’autres aux mœurs plus légères. Lorsque la Révolution éclate, Maubuisson ne compte plus que dix religieuses. Les biens sont dispersés aux enchères. Au début du XIX^e siècle, le site est vendu à des négociants et exploité comme carrière de pierres. Certains bâtiments sont alors détruits à l’explosif, seuls les communs échappent au massacre. Ce qui reste de l’abbaye sera classé en 1947.En 1979, après être passé de main en main, une bonne partie du domaine sera racheté par le département du Val d’Oise. Après des années de fouilles et de restauration, le parc et les bâtiments ouvrent au public en 1987. Au début des années 2000, le Conseil départemental du Val d’Oise décide d’en faire un lieu de création pour l’art contemporain, en invitant chaque année des plasticiens à venir y créer des œuvres uniques. Des artistes comme Vincent Lamouroux, Melik Ohanian, Jan Kopp ou les Frères Chapuisat sont ainsi venus donner leur vision de ce lieu unique. Une nouvelle vie a commencée pour Maubuisson.