Drôle de coïncidence ! Pourtant situé à cette époque en-dehors du périmètre de la ville nouvelle, le village de Menucourt a connu un important essor dans les années 70, au moment où Cergy-Pontoise sortait de terre.
La naissance de la « ville-jardin »
La raison ? Le lancement, par l’État et, plus précisément, par Albin Chalandon, alors ministre du Logement, d’un programme d’accès à la propriété pour les plus modestes. Un promoteur est alors chargé de construire des maisons simples et bon marché sur un terrain acheté par la Caisse des dépôts et consignations pour l’État. Au total, 1 000 pavillons d’une centaine de mètres carrés voient rapidement le jour de 1972 à 1975 et sont vendus à un prix avoisinant 100 000 francs (environ 15 000 euros). Dans ce quartier des « Chalandonnettes » – aussi nommé « la ville-jardin » du fait de la verdure environnant Menucourt – s’installent des ouvriers des usines Peugeot de Poissy et Renault de Flins, ainsi que des banlieusards de la proche couronne. De 726 habitants en 1968, la population du village passe ainsi à 4 082 en 1975.
Une communauté soudée
Cependant, les Chalandonnettes n’ont pas été accompagnées des infrastructures nécessaires. À ceci s’ajoute le relatif isolement de Menucourt, le manque de finitions des maisons et la gestion en copropriété de l’ensemble. Cette communauté d’intérêts conduit les habitants à s’entraider pour embellir les pavillons, à rechercher la convivialité et à fonder de nombreuses associations culturelles et sportives. La commune accompagne les habitants dans ce mouvement en construisant des équipements ou encore en soutenant financièrement cette vie associative riche. Elle est également à leurs côtés lors du procès collectif engagé à la fin des années 70 du fait de fuites au niveau des toitures de nombreuses maisons. Le rattachement, en 1971, de Menucourt au Syndicat communautaire d’aménagement de la ville nouvelle (SAN), ancêtre de la Communauté d’agglomération, est également crucial pour le développement urbain, économique et social de la commune.
L’écoquartier, un renouveau
En dépit de la transformation de la population des Chalandonnettes et d’une volonté de dissolution des copropriétés, des initiatives ont été mises en place pour préserver ce lien social unique. Ainsi, l’écoquartier en construction à proximité sur la ZAC de la Pièce d’Alçon, comprend à la fois des logements sociaux et en accession à la propriété, dont certains adaptés aux personnes handicapées. Cet ensemble d’environ 400 maisons et appartements, combine inscription dans son environnement, gestion optimale des eaux de pluie, basse consommation énergétique et préservation de la biodiversité. Le futur de Menucourt est déjà là !
Grande & petites histoires
Daniel Bousson, conseiller municipal délégué aux travaux de la commune de Menucourt et vice-président de l’agglomération en charge de l’habitat.
« J’habite aux Chalandonnettes depuis 1984. Je les connais donc bien ! Les premières maisons, livrées en 1973, ressemblaient aux cités d’urgence de l’après-guerre : de plain-pied, sans vides sanitaires et avec des toits en plaques ondulées en fibrociment et en toile bitumée aux pentes insuffisantes, permettant à l’eau de stagner et de s’infiltrer. À la suite du procès contre le promoteur, à la fin des années 70, les toits ont été refaits et isolés. Les maisons suivantes, livrées en 1975, étaient de meilleure facture. Elles comportaient des combles, un premier étage dans certains cas et des toits faits de tuiles de ciment. Au fil du temps, les Chalandonnettes ont été améliorées et refaites par leurs occupants successifs. Le lino a été remplacé par du carrelage, puis du parquet ; l’isolation a été améliorée grâce à l’aide de la mairie ; des clôtures et des terrasses ont été ajoutées… Certains se sont même fait construire des piscines ! Le tout dans un esprit d’entraide lié au fait que l’ensemble, à l’exception de l’intérieur des maisons, était géré dans le cadre de copropriétés, aujourd’hui en cours de dissolution. Au départ, les voiries, réseaux et espaces verts étaient ainsi à la charge des copropriétés. Ils ont été rétrocédés à la commune, comme, par la suite, à chaque livraison de constructions nouvelles. »