L’histoire se passe en 1967. L’établissement public d’aménagement de la ville nouvelle n’existe pas encore – il ne verra le jour qu’en 1969 – et Bernard Hirsch, qui dirige alors la mission d’aménagement, s’interroge. Où placer le cœur de la ville nouvelle ? Il le verrait bien dans la première partie de la boucle de l’Oise, au plus près de Pontoise. Mais l’État prévoit déjà la construction de l’A15, qui doit contourner la ville, tandis que l’armée veut bien céder ses terrains de manœuvre, mais n’entend pas quitter le quartier Bossut. Finalement, le futur centre s’éloigne de Pontoise et se rapproche du village de Cergy. La préfecture, bâtiment emblématique de la ville nouvelle, va donc naître au milieu des champs.
De l’audace, toujours de l’audace !
On imagine mal aujourd’hui l’audace – et la chance – d’une telle décision. Implanter au milieu de nulle part une préfecture, le symbole de l’État traditionnellement installé au cœur du chef-lieu… Le bâtiment est l’œuvre d’Henri Bernard, Grand Prix de Rome et par ailleurs architecte de la Maison de la Radio à Paris et du Palais de l’Europe à Strasbourg. Au-delà de la construction en pyramide inversée – qui fait beaucoup parler –, le concept est révolutionnaire : pas de grille ni de château, transparence, insertion dans un quartier multifonctions, présence d’un drugstore à proximité…
Sens dessus dessous
Petit à petit, urbanistes et architectes construisent le quartier – le futur Grand Centre – autour de la préfecture. C’est d’abord le centre commercial, installé pour la première fois en cœur de ville et non en périphérie, et qui innove avec sa rue commerçante et son puit de lumière. C’est aussi la tour GDF – véritable signal de la ville nouvelle –, le futur siège de l’agglomération (voir ci-dessous) et la gare de Cergy-Préfecture, ouverte en 1979. Puis, autour du centre essaiment des quartiers d’habitation, dotés chacun de leur école, leurs équipements, leur maison de quartier… C’est enfin la dalle, qui va relier, dans les années 70, la préfecture au centre commercial. À l’origine, une idée audacieuse, très en vogue à l’époque : séparer verticalement les circulations automobile et piétonne. Mais si les habitants et les salariés y gagnent en qualité de vie, la transition entre la dalle et la « terre ferme » est négligée, laissant la dalle « suspendue », avec des passages mal dimensionnés entre le dessus et le dessous. Aujourd’hui, tout cela a vieilli et la rénovation du quartier Grand Centre, qui fait l’objet d’une large concertation avec les Cergypontains, est en marche.
Grande & petites histoires
Georges Pencreac’h, architecte de l’hôtel d’agglomération
À l’époque, l’idée était de rassembler plusieurs équipements sur un même site : une bibliothèque, une école de musique – aujourd’hui le conservatoire –, une maison des jeunes et de la culture, un théâtre et même un musée. Il fallait aussi leur trouver un élément fédérateur, d’où la place publique couverte.
Le projet a connu divers aléas et le musée ne s’est pas fait, faute de financement. Il a alors été envisagé d’utiliser une partie du bâtiment en projet pour y abriter des services administratifs et notamment le futur hôtel de ville. De là est venu le nom de Centre culturel et administratif André Malraux, l’un des équipements-phares de la ville nouvelle, entre la préfecture et les Trois Fontaines. Après l’abandon du projet d’hôtel de ville, la partie administrative est tout naturellement devenue l’actuel hôtel d’agglomération.