Cinema : de Cergy-Pontoise à Austin, Texas

Publié le 10 mars 2021

Bantu Mama, un long métrage en partie tourné à Pontoise, a été sélectionné par le prestigieux festival américain South by Southwest qui le présentera le 16 mars. Sa productrice et coscénariste, Clarisse Albrecht, a vécu à Cergy-Pontoise. Coup de projecteur.

Bantu Mama
Tourné en partie à Pontoise - on reconnait la silhouette du Grand Centre à l'arrière-plan - Bantu Mama a été sélectionné par le festival South by Southwest © Pointbarrefilms

La semaine prochaine, un bout de Cergy-Pontoise sera visible à Austin, la capitale du Texas. Car c’est là – mais aussi en ligne, Covid oblige – que se tiendra la 34ème édition du festival pluridisciplinaire South by Southwest – SXSW pour les intimes. Et parmi les films sélectionnés pour la partie cinéma de l’événement, Bantu Mama, un long-métrage indépendant venu de République dominicaine, joue sa première séquence dans le quartier des Hauts de Marcouville à Pontoise.

Retour à Cergy-Pontoise

Comment est-ce arrivé ? Cela tient au parcours de vie de Clarisse Albrecht, artiste touche à tout – elle compose, chante, écrit, joue – installée aujourd’hui en République dominicaine mais qui a vécu ses jeunes années dans notre agglomération, à Cergy plus précisément. Coscénariste du film réalisé par son compagnon, Ivan Herrera, elle s’est souvenue de cette amie adolescente qui habitait les Hauts de Marcouville. Elle s’était promis à l’époque d’y filmer un jour quelques plans. C’est chose faite.

Bantu Mama affiche
L’affiche du film © Pointbarrefilms

Un destin bascule

Les premières scènes de Bantu Mama y ont été tournées au printemps 2019. On y croise le rappeur J mais aussi Toupasse Ngolo et Priva Ndomadji, tous trois originaires du quartier de la Justice. Le film, lui, suit les pas d’une française d’origine africaine, Emma, jouée par Clarisse Albrecht, qui se laisse séduire par une proposition de vacances aux Caraïbes et se retrouve impliquée dans une affaire de trafic de drogue. Arrêtée en République Dominicaine, elle parvient à s’échapper et se réfugie dans un quartier dangereux de Saint Domingue, où elle est recueillie par un groupe d’enfants livrés à eux-mêmes, dont elle deviendra à la fois la protégée et la figure maternelle.

Bantu Mama
Toupasse Ngolo, Clarisse Albrecht, J et Priva Ndomadji lors du tournage à Pontoise © Pointbarrefilms

Réconciliation

« Ce projet est né du désir de raconter une histoire urbaine dans les Caraïbes et de donner vie à des personnages descendants de la diaspora africaine, explique Clarisse Albrecht. En imaginant cette rencontre entre Afropéens et Afro-caribéens, leur relation ou leur absence de relation avec l’Afrique, nous souhaitions éveiller le souvenir de ces origines oubliées et initier une réconciliation avec des racines souvent reniées, comme c’est assez le cas en République dominicaine. » Bantu Mama, qui voit ses personnages renouer avec l’Afrique, questionne aussi le modèle global du bonheur matériel. Il interroge aussi la notion de destin, de trajectoire, qu’un rien peut infléchir.

Clarisse Albrecht revient régulièrement en France avec sa fille de 8 ans pour rendre visite à sa famille et entretenir le lien avec l’Hexagone. Elle travaille actuellement sur un nouveau projet de film avec Ivan Herrera. Où le tourneront-ils ? « Peut-être à Cergy-Pontoise, qui sait ? »