Mise en place en 1995, la politique de coopération internationale et d’aide au développement du Syndicat d’Agglomération Nouvelle, puis de la Communauté d’agglomération, n’a cessé de se développer. Avec Porto-Novo, l’objectif est d’accompagner la ville dans le cadre de la politique de décentralisation engagée par le gouvernement du Bénin. Le partenariat s’est intensifié lorsque celle-ci est devenue effective, en décembre 2002. Les nouveaux élus de Porto-Novo – environ 300 000 habitants, dont 60% ont moins de 25 ans – se sont vu alors transférer de nouvelles compétences.
Une coopération multiforme
La coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo porte notamment sur le développement urbain, un enjeu familier à l’agglomération. Elle s’est traduite notamment par l’organisation, dans la capitale du Bénin, de deux sessions des « Ateliers internationaux de maîtrise d’œuvre urbaine Cergy-Pontoise – Île-de-France ». Devant le succès de ces manifestations, Porto-Novo a décidé de lancer ses propres ateliers, avec le concours de l’agglomération. La coopération entre les deux collectivités – soutenue par le ministère français des Affaires étrangères – porte également sur d’autres domaines : aide à l’installation d’un programme pilote dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, accompagnement dans l’élaboration d’une politique de développement agricole, amélioration des pratiques des professionnels de santé à travers un programme de coopération sanitaire en maternité et en pédiatrie, encouragement aux échanges culturels et socio-éducatifs… Des actions en faveur de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes figurent aussi au programme du partenariat, à Porto-Novo comme à Cergy-Pontoise.
Le 27 novembre, Dominique Lefebvre, président de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise et Emmanuel Djima Zossou, maire de Porto-Novo ont renouvelé la convention de coopération qui lie nos deux territoires.
Six semaines de résidence
À l’approche du 20e anniversaire de cette coopération, l’idée est née de marquer l’événement par un projet artistique commun aux deux collectivités, en s’appuyant sur les nombreux échanges culturels menés ces dernières années (Festival des cultures africaines du Théâtre 95, Ateliers nomades avec le musée du Quai Branly, expositions d’arts plastiques et de photographies…). Deux artistes béninois – Zount et Simplice Ahouansou – ont donc été invités à intervenir dans les deux collectivités. À Porto-Novo, ils ont investi deux places jumelles – Azalou comè et Djihoué comè –, lieux de convivialité et de mémoire collective réhabilités avec le concours de l’agglomération dans le cadre du projet « Éclosions urbaines ». À Cergy-Pontoise, les artistes, en résidence durant six semaines à l’espace Cesame (voir encadré), ont réalisé quatre œuvres, installées le long du parcours piétonnier sur la place de la Pergola et le Verger, au cœur du Grand Centre. Simplice Ahouansou a ainsi crée « Aklassou » (aigle royal), une vaste fresque en mosaïque représentant une femme oiseau maternelle et protectrice et « Agbo Djèté » (énergie libérée), un grand taureau blanc symbole à la fois de puissance et de pureté. De son côté, Zount a réalisé deux sculptures en métal : « L’antre du Minotaure » – œuvre ludique qui fait référence au célèbre labyrinthe de la mythologie – et « Winzagoun » (oiseau messager), qui relie symboliquement Porto-Novo et Cergy-Pontoise.
Grande & petites histoires
Rachel Tanguy, coordinatrice du projet à l’espace Cesame
« L’agglomération nous a proposé d’accueillir les deux artistes béninois en résidence durant six semaines. Il est vrai que l’espace Cesame – installé dans la maison des Russes à Éragny – est particulièrement bien adapté, puisqu’avec nos activités pour les jeunes en insertion professionnelle, nous disposions d’une forge et d’équipements pour faciliter le travail de Zount et de Simplice Ahouansou. Parmi nos formateurs, nous comptons aussi un ferronnier d’art, Gilbert Kadyszewski et un artiste plasticien, Raynald Driez qui ont pu aider les deux artistes dans la réalisation de leurs projets. Ces derniers connaissaient déjà la France – et même Cergy-Pontoise – et avaient l’habitude des résidences artistiques en Belgique et aux Pays-Bas. L’intégration s’est d’autant mieux passée que nous avons construit tout un projet avec nos jeunes autour de la venue de Zount et de Simplice. Ce dernier a demandé aux jeunes de lui parler de leur ville pour intégrer leurs représentations dans la construction du dessin de sa mosaïque. Il y a eu de nombreux échanges avec les deux sculpteurs. Si Zount et Simplice restent, bien sûr, les créateurs de leurs œuvres, les jeunes ont aidé à leur réalisation. Ils ont, par exemple, émaillé les 126 carreaux qui forment la mosaïque de Simplice et peint en blanc le taureau de Simplice. Ils ont aussi contribué à l’installation des œuvres sur le site, ce qui n’a pas été une mince affaire ! Grâce à ces deux artistes de Porto-Novo, de jeunes Cergypontains ont pu inscrire leurs traces dans l’espace public. Ils en sont particulièrement fiers et le bilan de l’opération est vraiment formidable, et pas seulement sur le plan artistique… ».