Chauffage urbain : clap de fin pour le charbon !

Publié le 8 juillet 2020

Cette semaine débute la déconstruction de l’ancienne chaufferie charbon du réseau de chauffage urbain de Cergy-Pontoise située à Saint-Ouen-l’Aumône. Conséquence : la disparition de la cheminée rouge et blanche bien connue des Cergypontains et l'évolution du mix énergétique de notre réseau de production de chaleur.

Cheminée chauffage urbain ZAC Bellevues SOA
On distingue sur le fût de la cheminée de la chaufferie charbon la plateforme qui va permettre sa déconstruction en partie haute. © Incite - CenergY

Bientôt vous ne verrez plus le long de l’A 15 s’élancer dans le ciel la cheminée blanche et rouge de 64 m de haut de la chaufferie au charbon du réseau de chauffage urbain de Cergy-Pontoise. Sa déconstruction a commencé lundi 6 juillet pour se terminer le 7 août prochain. Cette action spectaculaire fait partie de l’important chantier de rénovation de l’ensemble du réseau lancé depuis peu par CenergY, entreprise délégataire de l’Agglomération pour le service public du chauffage urbain (voir notre article du 3 juin dernier.)

Cheminée chaufferie charbon Cergy-Pontoise
La cheminée de la chaufferie charbon haute de 64 m avant travaux de déconstruction. © P. Raimbault – CACP

Vers moins d’énergie fossile…

Dès la fin de l’année 2019, deux chaudières Gaz / Fioul domestique d’appoint ont été mises en place pour permettre l’arrêt total de la chaufferie charbon devenue trop polluante. L’arrêt de la chaufferie charbon de la ZAC des Bellevues, et de sa consommation de 6 000 tonnes de charbon/an, a permis de limiter les émissions de 21 000 tonnes de CO2/an ! Les travaux de déconstruction de la chaufferie charbon se dérouleront jusqu’à la fin du mois d’août 2020. La déconstruction de la cheminée de la chaufferie charbon de 64 mètres de haut se déroulera du 6 juillet au 7 août 2020 en deux phases :

  • La première phase est consacrée à la mise en place d’une plateforme élévatrice sur le fût de la cheminée, afin de pouvoir œuvrer depuis le haut de celle-ci. La cheminée sera alors réduite, bloc par bloc, par sciage de sa structure, de 64 mètres à 36 mètres.
  • La deuxième phase consistera en la déconstruction de la partie basse de la cheminée, réalisée mécaniquement depuis le sol au moyen d’une pelle mécanique géante, équipée d’un bras de 43 mètres de haut, et d’une cisaille à ferraille.

Vous pouvez suivre en direct la déconstruction de la cheminée de la chaufferie charbon via une caméra image par image installée sur le site des Bellevues.

chaufferie charbon Cergy-Pontoise
Au premier plan, la cheminée, au second plan le bâtiment de la chaufferie charbon (bâtiment bleu/vert). © P. Raimbault – CACP

 

Par ailleurs, de fin juillet à fin septembre 2020, il sera procédé à la déconstruction du bâtiment de la chaufferie charbon proprement dit, et des chaudières fioul. Le bâtiment des chaudières au fioul sera conservé pour abriter de nouvelles chaudières à gaz.

… et encore plus de biomasse

Sur le site des Bellevues, des travaux ont également commencé autour de la nouvelle génération de chaudière – la chaudière biomasse. Ils ont pour objectif d’optimiser et de sécuriser l’alimentation de la chaudière avec la mise en œuvre d’un nouveau silo de stockage de 2 500 m3, d’une trémie tampon de 100 m3, d’un quai de dépotage et de nouveaux convoyeurs. Ces travaux se dérouleront jusqu’en décembre 2020.

Ainsi, deux chaînes d’approvisionnement complémentaires en biomasse (bois et déchets végétaux), la chaîne existante et la nouvelle, permettront d’alimenter simultanément la chaudière pour atteindre une puissance de 30 MW.

La biomasse valorise l’énergie calorifique contenue dans le bois. Elle se présente sous forme de plaquettes forestières. Les filières d’approvisionnement en biomasse constituent des sources d’emplois locaux et non délocalisables, et contribuent à la structuration de la filière bois-énergie locale.

Chaufferie biomasse Cergy-Pontoise
La chaufferie biomasse avant travaux et sa trémie d’alimentation. © P. Raimbault – CACP

Améliorer le mix énergétique du réseau de chaleur

Les travaux de la chaufferie des Bellevues vont permettre d’augmenter la part des énergies renouvelables et de récupération dans la production de chaleur du réseau de chauffage urbain. Ainsi, le bois, énergie locale et renouvelable (issue du Val d’Oise et des Yvelines), et les déchets ménagers (incinérés au centre de traitement et de valorisation des déchets de Saint-Ouen l’Aumône), constitueront bientôt les principales sources d’énergie utilisées pour produire la chaleur du réseau de chauffage urbain de l’Agglomération. À terme, ces sources d’énergie constitueront plus de 70% du mix énergétique et permettront d’éviter l’émission de 61 308 tonnes de CO2 chaque année, soit l’équivalent du CO2 produit par la circulation de plus de 51 0000 voitures.

L'évolution du mix énergétique du réseau de chaleur

Le réseau de chaleur de Cergy-Pontoise a été créé en 1971 et fonctionnait alors au fioul. Le charbon a été ensuite utilisé comme combustible à partir d’octobre 1985, date de l’inauguration de la chaudière charbon. La part du fioul a été diminuée au fur et à mesure, avec un passage progressif de 55 % en charbon et 45 % en fioul. L’engagement d’une mixité énergétique en 1996, grâce à l’incinération des déchets par le centre de traitement et de valorisation des déchets pour 40%, a, quant à elle, permis de diminuer la part du charbon (38%) tout en continuant de diminuer la part du fioul (22%). En 2009, la biomasse (bois et déchets végétaux) est venue compléter ce mix énergétique, à hauteur de 10 %. A partir de 2011, le fioul a été abandonné progressivement au profit du gaz naturel, pour une utilisation d’appoint. Aujourd’hui, le réseau de chaleur fonctionne avec environ 60 % d’énergies renouvelables ou de récupération. A terme, ce taux atteindra 70 %.