Jusqu’en 1992, le processus de gestion des déchets de la ville nouvelle est l’enfouissement. « La mise en décharge a longtemps été la solution la plus économique, la plus répandue et pourtant, de loin la moins satisfaisante« , se souvient Alain Richard, sénateur du Val d’Oise et président du Syndicat de l’agglomération nouvelle (SAN) de 1989 à 1997. « La réglementation a d’ailleurs progressivement limité son utilisation. Comme ville nouvelle, nous devions donner l’exemple. Proposer une vraie qualité de vie passe aussi par une meilleure gestion des déchets. Dès 1989, le SAN amorce donc une réflexion avec les élus locaux des onze communes, puis lance un appel d’offres. Notre cahier des charges : mettre un terme à la mise en décharge, maîtriser la gestion des déchets au niveau local et les valoriser au maximum, sans trop augmenter la charge des habitants. En la matière, Cergy-Pontoise a été pionnière« .
La maquette du centre Auror’Environnement au début des années 90.
Un projet ambitieux
La Compagnie générale d’environnement de Cergy-Pontoise (CGECP), filiale de Veolia, remporte le marché et signe en 1992 un contrat de délégation de service public, pour une durée de 25 ans. Le projet est ambitieux et visionnaire : créer une filière globale de traitement et de valorisation des déchets pour les onze communes de l’agglomération. « Nous avons fait appel à des subventions car l’investissement se chiffrait à 200 millions de francs, soit plus de 30 millions d’euros. Du fait que nous étions parmi les premiers à le demander, le Département et la Région ont largement participé. Ceci a permis de fixer la taxe sur les ordures ménagères à un niveau raisonnable« , précise Alain Richard.
Le centre de tri, lors d’une visite.
Auror’ se lève à Cergy-Pontoise
Le premier défi est alors de trouver un lieu d’implantation : un grand terrain, sans voisin. C’est finalement Saint-Ouen l’Aumône qui accueille l’audacieuse usine des architectes Jean-Robert Mazaud et Catherine Parant. Baptisée Auror’Environnement, la filière débute son activité en 1996. A la pointe des dernières innovations technologiques, Auror’ est en avance sur son temps. Aujourd’hui, son centre de traitement et de valorisation des déchets comprend un centre de tri des emballages ménagers, papiers, journaux et magazines, ainsi qu’une unité de compostage des déchets verts et fermentescibles. Mais il dispose aussi d’un centre de tri des déchets industriels banals (DIB) et d’une unité d’incinération avec récupération d’énergie, accueillant les ordures ménagères résiduelles, les déchets assimilés, ainsi que ceux issus d’activités de soins. Décidément, Auror’ en a sous le capot ! Et cerise sur le gâteau : sa capacité totale permet de traiter l’ensemble des déchets de l’Agglomération, mais aussi de certaines collectivités voisines – notamment du Vexin.
Le quai de débarquement des déchets ménagers, prêts à être incinérés.
La vie secrète des déchets
La vapeur issue de l’incinérateur produit de l’énergie thermique qui alimente – presque pour moitié (43 %) ! – le réseau de chauffage urbain de l’Agglomération auquel sont reliés plus de 30 000 logements. Mais ce n’est pas tout ! Elle produit aussi de l’électricité. Une partie de celle-ci assure l’autonomie du centre de traitement et de valorisation ; l’excédent est revendu à EDF. En 2002, une nouvelle réglementation sur le traitement des fumées impose aux usines d’incinération de nouvelles valeurs limites de rejets atmosphériques. Conséquences : l’Agglo – avec le soutien du Département et de la Région – investit massivement pour la mise aux normes de l’installation. Elle opte pour un traitement des fumées si performant qu’il aboutit à des teneurs en polluants inférieures aux prescriptions. Une modernisation qui conserve à Auror’ son caractère pionnier…
Grande & petites histoires
Célia Brodeaux, chef de Projet – référente Traitement et valorisation à la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise.
» La filière Auror’Environnement s’organise autour du centre de traitement et de valorisation des déchets, mais aussi d’un réseau de cinq déchèteries, de 350 Points d’apport volontaires (PAV) pour le verre et de 260 conteneurs bleus pour les papiers-cartons des administrations. En 2014, un incendie détruit le centre de tri des collectes sélectives. Résultat des courses : celui-ci est reconstruit, en mieux. Le nouveau centre permet en effet de trier et de valoriser davantage de matière. L’objectif est d’adapter l’outil de production à l’extension progressive des consignes de tri – aux emballages plastiques notamment. Pour cela, il faut que chacun joue le jeu et respecte les consignes. En 2016, près de 25,5 kg d’emballages et papier ont été triés par habitant. Mais l’objectif est de 47,6 kg en 2019. Autre exemple : les taux de refus, liés aux erreurs de tri, s’élèvent à 25 % alors que l’objectif est de 15 %. La marge de progression des Cergypontains est donc importante. A bon entendeur… »