« Tu as appris à faire des pauses au bon moment, à regarder ton public » ? demande à son invité Sébastien Raynal, bâtonnier du Val d’Oise. Ange Semi Bi acquiesce, immédiatement appuyé par ses entraîneuses. « On a surtout l’impression que l’art oratoire est inné chez Ange ». Les coaches s’appellent Angélique Alvès et Anne Kebe-Sauret. Elles aussi avocates, elles ont organisé le rendez-vous à la Maison des avocats de Pontoise pour dire le soutien de la profession au jeune champion du verbe. D’ici trois jours, elles seront avec Ange à Caen pour la finale du concours de plaidoirie des lycéens, célèbre événement annuel pour les Droits de l’Homme organisé par le Mémorial.
Revendiquer ses idées
Ange Semi Bi, élève de terminale au lycée Pissarro de Pontoise est arrivé en tête des épreuves régionales du concours et va représenter l’Ile de France. « C’est une envie personnelle, j’ai toujours aimé revendiquer mes idées, échanger. Après avoir simplement vu une affiche au centre de documentation du lycée, je me suis dit que ce concours était une bonne occasion ».
Terre des Droits Humains
Titre de sa plaidoirie « Le rêve d’un Burundi terre des Droits humains ». Ange raconte ses recherches sur Internet pour trouver un sujet collant au thème imposé des violations des droits humains. « Je suis tombé sur le cas de ce pays peu défendu et qui m’a beaucoup touché, avec des victimes qui étaient lycéens, comme moi ». Si la préparation de sa plaidoirie, l’écriture d’abord puis l’exercice oral, lui demande beaucoup de travail pour « entrer dans les cases » du concours, Ange bénéficie d’une longue chaîne de soutiens. Encouragements d’enseignants, de camarades du lycée mais aussi appui technique. « J’ai d’abord été conseillé par Corinne Bazemo, une avocate amie de la famille, puis Maître Alvès et Maître Kebe-Sauret se sont proposées pour m’aider dans la partie orale ». Mais le tour d’horizon des fans d’Ange ne serait pas complet sans mentionner l’apport familial et les paroles de sa mère. « Elle m’a dit d’y aller non pas dans l’optique de gagner mais dans celle de se servir d’une telle opportunité pour défendre une cause juste. C’est l’état d’esprit qui m’anime, et j’ai hâte d’être en finale pour entendre d’autres jeunes engagés, écouter leur plaidoirie ».
Défendre des causes
Ange Semi Bi, 18 ans, habite Pontoise depuis l’âge de deux ans. Il a grandi et effectué ici toute sa scolarité, de l’école Jules Verne au collègue du Parc aux Charrettes jusqu’au lycée Pissarro. Il est aussi basketteur au Cergy-Pontoise Basket-Ball depuis ses cinq ans. « J’ai dû arrêter le basket cette année pour privilégier le lycée et le concours de plaidoirie. Mais même si je ne reprends pas la compétition après le Bac, je resterai au club comme bénévole ». L’avenir justement, revêtira-t-il pour Ange la robe des avocats ? « Tout est ouvert, la seule chose dont je suis certain est que je vais utiliser ma voix pour défendre des causes ». Ce sera peut-être dans une profession juridique mais peut-être aussi en politique ou dans l’humanitaire. En toute logique, Ange a fléché ses choix d’orientation dans Parcoursup vers les instituts d’études politiques.
La plaidoirie du champion cergypontain sera retransmise en direct sur le site du Mémorial de Caen et sur sa page Facebook vendredi 19 mars.