– Commençons par les bases Damien, si vous le voulez bien. Cela fait longtemps que vous avez une passion pour le cinéma ?
– Disons que je suis tombé dedans quand j’étais petit… J’ai voulu faire du cinéma dès l’âge de neuf ans en découvrant Jerry Lewis. Puis, deux ans plus tard, en 1989, j’ai eu la chance de jouer dans le film de Pascal Thomas Les maris, les femmes, les amants avec des adultes dont le métier me semblait être celui de s’amuser.
En fait, c’est plus tard au lycée que j’ai commencé à écrire des fictions radiophoniques et à animer une émission de cinéma sur la radio locale RGB, à Cergy-Pontoise. L’émission hebdomadaire s’appelait « C’est animé près de chez vous ! » et a duré huit ans de 1995 à 2003. J’allais au cinéma toutes les semaines pour découvrir les films de Bertrand Tavernier, Terry Gilliam ou encore des frères Coen ; j’étais fasciné par ces univers qui me hantaient encore les jours suivants. Mon envie d’écrire et de réaliser des films s’est vraiment affirmée à cette période.
– Et le virus cinématographique s’installe chez vous puisqu’en 2001, à 23 ans, vous créez votre première structure de production…
– Oui, en effet, c’est à cette époque que je monte avec des amis l’association Link, afin d’écrire et réaliser mes premiers courts-métrages. J’exerce alors le job de pion en collège et lycée où j’anime régulièrement des ateliers cinéma. Et ce boulot me convient parfaitement car il me laisse du temps pour écrire mes courts-métrages, constituer une équipe, monter des dossiers, fabriquer les décors, tourner et montrer le résultat, quitte à prendre des douches froides, et recommencer.
Franchement, je ne regrette rien. En 10 ans, nous avons créé pas moins de 9 courts-métrages en autoproduction ; presque un par an ! Dont notamment Hadopi diffusé en 2010 sur Canal +, et qui a fait plus de 145 000 vues sur YouTube ! Et puis, il y a eu aussi le court À zéro ; un film réalisé par Jérémy Brondoni, – coproduit par mon association Link – diffusé en 2012 sur France 2 dans l’émission « Histoires courtes »…
– Vous deviez déjà être fier de ces résultats, mais qu’est-ce qui vous a poussé ensuite à enclencher le voyage vers un long-métrage ?
– C’est un concours de circonstances… Grâce à un ami d’enfance, au printemps 2011, j’ai pu entrer dans les coulisses du festival de Cannes, plus exactement au Marché international du film qui se déroule chaque année sous le palais du festival… Et là, à côtoyer de prêt tous ces grands réalisateurs et producteurs… j’ai eu envie moi aussi de participer à ce marché et d’y présenter un jour un long-métrage « à ma façon ». Du coup, je quitte mon job de pion en 2011, et je crée en septembre de l’année suivante la société Chat bleu production pour me consacrer uniquement à l’écriture et à la réalisation.
Il me faudra d’ailleurs être patient, car ce n’est qu’en 2017 que j’obtiens une aide à l’écriture d’un premier long métrage auprès de la Région Île-de-France. J’ai pu ainsi bénéficier pendant deux ans des conseils d’une scénariste de la FÉMIS (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son) pour l’écriture de « Phénix ». Travail d’écriture qui me vaut d’être en 2019 lauréat de la Région, après la présentation du scénario du film devant un jury composé de 50 producteurs… Franchement, j’en menais pas large !
– Mais cela vous a motivé pour aller encore plus loin, on pourrait même dire sans faire de jeu de mots : « faire court pour faire long ! »
– Oui, après avoir réussi à décrocher un rendez-vous avec un producteur indépendant intéressé par Phénix, mais dont l’agenda s’avérait occupé pour 5 ans, je ne pouvais rester les bras croisés. Alors, j’ai décidé de réaliser un nouveau court-métrage, intitulé Facteur humain, proche de l’univers et des personnages de mon long-métrage, et qui pourrait ainsi me servir de « produit d’appel » pour tenter de convaincre plus tard un producteur de réaliser le film Phénix avec ma société Chat Bleu Production.
Le fait est qu’entre 2022 et 2024 cela a été un véritable parcours du combattant pour trouver le financement de ce court, – environ 50 000 € – car je souhaitais m’appuyer principalement sur des partenaires « locaux ». Mais nous y sommes arrivés et Facteur humain a pu finalement être tourné en juin dernier avec une dizaine de personnes en pré et post-production, plus une équipe de tournage de 25 techniciens, sans compter les acteurs…
– Sans dévoiler totalement l’intrique de Facteur humain, pouvez-vous nous présenter le pitch de ce court-métrage et nous dire quelques mots sur le tournage ?
– C’est une comédie. Le film raconte l’histoire d’Harold (Baptiste Belaïd), guitariste professionnel en panne d’inspiration qui un jour découvre dans sa boîte aux lettres une enveloppe contenant 10 000 €. S’ensuit une enquête qu’il va mener avec le gardien de son immeuble (Steve Bedrossian) pour comprendre d’où vient cette manne inattendue, le tout sur fond de musique rock… Mais je ne vous en dirai pas plus. Il faudra venir voir le film qui est en cours de montage aujourd’hui.
J’aime particulièrement l’architecture de la ville nouvelle, et touché par les décors du film « I… comme Icare » d’Henri Verneuil, tourné en 1979 en partie à Cergy-Pontoise, j’aurais aimé réaliser notre court-métrage dans les locaux de l’ancienne tour EDF à Cergy Grand Centre. Cependant, des déconvenues administratives nous ont obligés à trouver en « dernière minute », c’est-à-dire quelques semaines avant le tournage, un autre écrin pour le film… et heureusement nous avons pu être accueillis dans un autre bâtiment témoin de l’architecture de l’ex-ville nouvelle, à savoir la Préfecture du Val d’Oise elle-même. Le tournage a eu lieu du 22 au 29 juin dernier sans aucune anicroche, et nous avons même eu droit un soir à une petite visite improvisée du Préfet qui retournait tranquillement à son bureau !
– Une dernière question. Où sera-t-il possible de voir prochainement ce court-métrage ?
– Eh bien ! Dès que nous aurons obtenu le visa d’exploitation du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), je compte bien présenter Facteur humain dans différents festivals du court-métrage en France et à l’international. Parallèlement, en partenariat avec l’association Écrans VO, il est prévu de diffuser le film dès 2025, en première partie des séances de projection, dans les 26 salles art et essai du Val d’Oise, membres de l’association. Et je souhaiterais organiser également sur trois ans une tournée de « Ciné-rencontres » dans différentes salles de cinéma et bibliothèques du 95, autour de notre court-métrage. Bienvenue aux cinéphiles et amateurs d’évasion par l’image !
Facteur humain
Le 10e court-métrage de Damien Morel, le 1er produit avec sa société Chat Bleu Production.
Un court-métrage de 21 minutes. Une comédie, tournée dans un lieu emblématique de l’ex-ville nouvelle de Cergy-Pontoise à l’architecture des années 70 : la Préfecture du Val d’Oise.
Un film « made in 95 », coproduit par plus de 30 entreprises du Val d’Oise, soutenu par la CCI 95, la CMA 95, la CPME 95, Initiactiv’95, la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, CY Cergy Paris Université, et bien sûr la Préfecture du Val d’Oise.
Les principaux acteurs :
- Baptiste Belaïd dans le rôle du guitariste
- Steve Bedrossian dans le rôle du gardien d’immeuble
- Hélène Guichard du collectif Usine & Cie (Théâtre La Fabrik)
Une comédie rock avec une note d’absurde.
En savoir plus : https://damienmorel77.wixsite.com/damienmorel