Le Réseau Environnement Santé (RES) mène un projet de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens dans 40 lycées d’Île-de-France. L’an dernier, le lycée Pissarro de Pontoise avait été précurseur pour l’opération avec ses élèves de la filière sanitaire. Cette année, trois lycées de Cergy-Pontoise bénéficient de ce projet soutenu par l’Agglomération. Les lycées de l’Hautil de Jouy-le-Moutier et Camille Claudel de Vauréal viennent de participer à cette action de sensibilisation. Et l’expérimentation est actuellement en cours aussi au lycée Paul-Emile Victor d’Osny. Le RES propose dans ces lycées, en plus des actions habituelles de sensibilisation (conférence, exposition), une approche innovante de prévention pour mieux rendre visible cette pollution chimique invisible. Il s’agit pour des lycéens volontaires et des adultes encadrants de porter durant 7 jours consécutifs (24h/24, même sous la douche), un bracelet en silicone qui permet de mesurer leur exposition moyenne quotidienne, par voie d’inhalation et par absorption cutanée.
Une sensibilisation aux perturbateurs endocriniens, pourquoi ?
Pour rappel, les perturbateurs endocriniens sont des substances dangereuses. L’Organisation Mondiale de la Santé les qualifie de « substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme humain qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants ». Ces polluants invisibles sont malheureusement présents au quotidien, dans notre environnement intérieur et extérieur.
Les phtalates particulièrement ciblés
Les phtalates sont une famille de perturbateurs endocriniens particulièrement ciblée par le RES car il est possible de faire reculer les pathologies associées, en priorité les maladies infantiles, en réduisant fortement et rapidement l’exposition, via des changements de pratiques individuelles et collectives, à des sources bien identifiées : plastique, cosmétiques, alimentation ultra-transformée.
Dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens, se concentrer sur les phtalates permet donc des bénéfices et résultats relativement rapides en matière de santé publique.
Un bracelet pour mesurer l’exposition à 9 phtalates
Il s’agit d’une technique innovante de mesure de l’exposition aux perturbateurs endocriniens via le port d’un bracelet en silicone. Le silicone absorbe passivement une large gamme de substances organiques de l’environnement et les séquestre, permettant ainsi de rendre compte de l’exposition grâce à cette propriété d’absorption et de stockage. Après avoir été portés 7 jours, les bracelets sont envoyés dans un laboratoire spécialisé pour être étudiés.
Identifier et réduire les sources d’exposition du quotidien
L’opération auprès des lycéens se voulant ludique et conviviale, seuls les résultats groupés anonymisés sont communiqués publiquement. Sur le groupe du lycée de Vauréal, il ressort que tous les élèves sont contaminés par au moins 7 phtalates sur les 9 testés, dont le DEHP, qui est un phtalate pourtant classé reprotoxique et cancérogène par la réglementation. On note aussi que les élèves sont en moyenne plus exposés que les adultes. Des différences importantes de niveau d’exposition sont observées entre les individus. C’est un constat qui se reproduit à chaque étude de groupe de lycéens.
Il ne s’agit pas d’avoir un discours anxiogène mais de prévention ! Des gestes simples peuvent faire barrière aux phtalates (aérer le plus possible, aspirer régulièrement les poussières, bien choisir ses cosmétiques, alimentation bio, nettoyage sans produits chimiques, etc…). Bonne nouvelle : même la personne la plus contaminée peut réduire son exposition pour se rapprocher du niveau d’exposition le plus bas du groupe.
Les phtalates s’éliminant tous les jours de l’organisme humain, le niveau de contamination diminuera très rapidement en éliminant la source de la contamination de notre environnement quotidien. Certains phtalates peuvent être associés en particulier à certains produits mais peuvent aussi se retrouver dans des produits très différents. C’est donc à titre simplement indicatif que le RES propose le tableau suivant :
Grâce à cette opération « Bracelets », les participants sont incités à devenir des ambassadeurs de la lutte contre les phtalates.
Une brochure d’information sur les perturbateurs endocriniens est consultable sur le site cergypontoise.fr
Vidéo du RES présentant l’opération menée dans des lycées franciliens
Le Réseau Environnement Santé, lanceur d'alerte
Le Réseau Environnement Santé a pour objectif de mettre la Santé Environnementale au cœur des politiques publiques. Car si les actions individuelles sont nécessaires, la consommation de produits contaminés, parfois essentiels, ne peut pas toujours être évitée volontairement par l’individu. Là intervient l’action publique.
Vers des politiques publiques à la hauteur des enjeux :
- Le Green Deal Européen : la stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques et la feuille de route de la Commission européenne (2022) qui prévoit l’interdiction de plus de 2000 « poisons du quotidien » d’ici 2030, dont l’ensemble de la famille des phtalates et l’ensemble des PVC.
- La Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens (SNPE2) a pour objectif principal de « diminuer l’exposition de la population ». Réduire l’exposition aux phtalates permet aussi de réduire l’exposition à l’ensemble des perturbateurs endocriniens. Conclusion : comment se protéger ?
- La charte Villes et Territoires Sans Perturbateurs Endocriniens, proposée par le RES, signée par la Communauté d’Agglomération de Cergy-Pontoise et les villes de Cergy, Courdimanche, Éragny-sur-Oise, Jouy-le-Moutier, Maurecourt, Menucourt, Neuville-sur-Oise, Osny, Pontoise, Saint-Ouen l’Aumône et Vauréal, engage les collectivités à mieux prendre en considération la santé environnementale à tous les niveaux de décisions locales et à travailler ensemble pour protéger la population et les générations futures.
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