Depuis le parc des Béthunes de Saint-Ouen l’Aumône, une chocolaterie d’exception s’apprête à séduire les accros au cacao. L’atelier Févier d’Or, qui ouvre ses portes début décembre, fait sien le concept « de la fève à la tablette » (« bean to bar », en anglais), en rupture avec les pratiques de l’industrie chocolatière. Il s’agit d’adopter une logique de grand cru pour la matière première, la fève de cacao, rendue possible par sa totale traçabilité. Et ainsi répondre aux attentes d’un public de plus en plus exigeant sur l’excellence des chocolats. Mais pour sa créatrice, Nadine Abondo, entreprendre dans l’alimentaire haut de gamme n’est qu’un moyen, au service de valeurs solidaires.
Agir en Afrique
Nadine Abondo nait et grandit au Cameroun, de parents à la fois enseignants et exploitants de plants de cacao. Elle arrive en France il y a 20 ans pour des études supérieures qui la conduisent jusqu’à un diplôme de bac + 5 en ingénierie sociale. Puis elle travaille en tant que chargée d’accompagnement au sein de la Fédération des maladies orphelines. « C’est là, en recevant un jour un malade, que m’est revenu un terrible souvenir d’enfance, celui d’un nouveau-né souffrant du même syndrome d’hermaphrodisme. Tabous et stigmatisation par l’entourage firent leur œuvre et le petit fut abandonné sans soins ». Convaincue de devoir agir en Afrique, Nadine Abondo crée en 2009 l’association ALMOHA. Son but : aider les malades atteints de maladies rares dont 80% se retrouvent en situation de handicap lourd. « Almoha est reconnue pour son expertise par le ministère de la Santé du Cameroun. Nous collectons et distribuons du matériel, menons des actions de soins et de sensibilisation… ».
Un projet solidaire
En parallèle, Nadine poursuit son parcours professionnel et devient directrice de trois ESAT (Etablissement public d’aide par le travail) du Val d’Oise. Mais elle voudrait agir encore plus efficacement pour l’acquisition d’autonomie par les personnes en situation de handicap. « Pour obtenir un logement par exemple, le sésame c’est une fiche de paie, ce que ne délivre pas un ESAT ». C’est ainsi que le projet de création d’entreprise solidaire avec emploi de personnes handicapées va commencer à s’imposer à elle. Mais dans quel secteur ?
Coopérative de 150 producteurs
« C’était il y a plus de trois ans. J’ai pensé au chocolat à la fois à cause de mes souvenirs d’enfance, lorsque j’aidais mon père dans la plantation, mais aussi parce que c’est un domaine potentiellement rentable ». Nadine Abondo structure tous les aspects d’un projet de production de chocolat équitable et de grande qualité. « J’ai créé une coopérative de 150 producteurs du sud-Cameroun, là d’où je viens, avec une juste rémunération à la clé ». Elle fait appel à un maître chocolatier pour définir le cahier des charges des producteurs, notamment pour la fermentation et le séchage des fèves, envoie sur place des ingénieurs agronomes pour identifier chaque plantation…
Fèves de cacao du Cameroun, la matière première de Fevier d’Or. © CACP
Plus près d’ici, l’atelier de fabrication. Avec l’emploi dans un premier temps de 5 personnes en situation de handicap, le projet d’entreprise de Nadine Abondo appartient clairement au domaine de l’économie sociale et solidaire (ESS). A ce titre, elle bénéficie de l’accompagnement des services de la communauté d’agglomération et décide de s’implanter à Saint-Ouen l’Aumône. Sous le nom de « Févier d’Or », son chocolat sera produit sur place et distribué au showroom avant d’être – prochainement – en boutique en ligne. Ouverture le lundi 3 décembre 2018.
Pour découvrir les producteurs de cacao et la gamme de chocolats de Févier d’Or, rendez-vous à l’atelier : 10 avenue du Fief, La mare 2, cellule 25, Zone d’activité des Béthunes à Saint-Ouen l’Aumône.