Nous ne sommes qu’à quelques jours de la première représentation de sa mise en scène des Lettres à une disparue. Pourtant, dans une salle du Théâtre de l’Usine où elle a monté sa pièce, Barbara Moreillon accueille pendant toute une matinée des élèves du lycée professionnel Gustave Escoffier d’Eragny. Elle est visiblement ravie de répondre aux questions des jeunes, se montre parfaite pédagogue pour présenter les métiers du spectacle ou expliquer ses choix de mise en scène. A côté d’elle, l’auteure des Lettres à une disparue, Véronique Massenot, anime elle aussi la séance de médiation culturelle. Les deux femmes, très complices, ne se connaissent en fait que depuis assez peu de temps.
Echange avec des élèves du lycée Escoffier
Monté en un an et demi
« Tout a commencé il y a un an et demi. Nous allions partir en famille vivre au Canada. Tout était prêt, y compris les postes d’enseignant que mon mari et moi avions obtenus. C’est le moment où j’ai rencontré Véronique. Elle tenait un atelier d’écriture dans le collège du Moulin à vent, où j’avais auparavant enseigné ». L’auteure, qui projette de faire adapter son livre, veut le confier à Barbara. Celle-ci accepte, le Canada est remis à plus tard et les deux femmes ne se quittent plus. En quelques mois, Barbara s’appuie sur sa compagnie amateur, l’Arbre Océan, réunit actrices, chorégraphe, régisseurs … « Une vraie aventure humaine dont je suis fière ». Cerise sur gâteau, le Théâtre de l’Usine lui fait une place dans sa programmation 2019, pourtant bouclée des mois à l’avance.
Auteure et metteur en scène réunis dans une même envie de transmettre
Une pièce engagée
« Ce projet réunit tout ce que je suis » confie Barbara. « Enseignante, je donnais ce livre à mes élèves de 3ème et il déclenchait toujours quelque chose ». Car il parle de la transmission d’une génération à l’autre ainsi que de l’identité. En effet, dans la dénonciation de la dictature Argentine de la deuxième moitié du 20ème siècle, Lettres à une disparue traite des enfants « appropriés ». Car des centaines de bébés des opposants politiques, alors que leurs parents étaient massacrés, furent appropriés par les acteurs de la dictature et élevés dans le mensonge sur leur origine. Certains vivent aujourd’hui en France. Un sujet engagé pour un traitement théâtral affirmé, qui fait la part belle à la réalisation sonore. « Il m’a semblé primordial que le spectateur reçoive le message des neuf lettres individuellement ». Le public sera donc muni d’un casque pendant le spectacle… et on n’en dira pas plus.
Enseignante convaincue
Si le théâtre accompagne Barbara Moreillon depuis toujours, il n’est pas son seul univers. La jeune femme, qui a commencé ses études de Lettres Modernes en 2000 à l’Université de Cergy-Pontoise, a passé son Capes et est devenue enseignante. « Prof de lettres pendant 12 ans, au collège du Moulin à Vent à Cergy puis au Lycée Camille Claudel à Vauréal, je menais quand même des projets théâtre avec mes élèves » ! Il y a 3 ans, elle rejoint les services du rectorat en tant que conseillère à l’action artistique et culturelle pour le Val d’Oise. « Peu à mon bureau et beaucoup sur le terrain ». Mais, elle l’avoue aujourd’hui, « mes élèves, le fait de transmettre, cela me manque ». A deux doigts de renouer avec l’enseignement, Barbara Moreillon devra-t-elle s’éloigner des planches ? Rien n’est moins sûr. « Une tournée de la pièce ailleurs en France est en projet. Et puis j’aimerais bien monter un récit de l’exil des Syriens. Justement un texte est en train de s’écrire »…
Lettres à une disparue, mise en scène par Barbara Moreillon, au Théâtre de l’Usine les mardi 16 et jeudi 18 avril, hors les murs le vendredi 19
La page facebook de la compagnie l’Arbre Océan