Dans la salle des religieuses plongée dans le noir, le couple d’artistes a installé des lustres qui brillent d’une lumière fluorescente verte obsédante. L’impression esthétique est saisissante. À y regarder de plus près, les lustres sont fabriqués en verre d’uranium et la couleur verte est le résultat d’un éclairage par des lampes ultraviolettes.
« Ken et Julia ont conçu cette installation en réaction à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Tous les deux sont nés au Japon et ont été extrêmement choqués par cet événement », explique la commissaire d’exposition de l’abbaye de Maubuisson.
Dans l’antichambre du bâtiment, une deuxième œuvre pointe les dangers du nucléaire. Tout aussi séduisante au premier abord, la pièce est une boîte à musique qui diffuse une petite berceuse, avec la figurine de la fée clochette en rotation.
« Il faut savoir que les ailes de la fée sont en réalité celles d’un papillon, et plus précisément d’une espèce de papillons irradiée dans la province de Fukushima ». Les scientifiques ont ainsi montré que les papillons de l’espèce Zizeeria Mahia ont connu des malformations des ailes, des yeux et des antennes après 2011.
Le sel de la terre
Ken et Julia Yonetani s’attaquent ensuite à un autre péril environnemental. Ils proposent une série de sculptures en sel. « Pour comprendre le message écologique, il faut savoir que le sel utilisé comme matériau provient d’une région d’Australie où l’agriculture intensive, avec l’irrigation et la déforestation qui vont avec, engendre une importante salinité des sols. Ce qui dégrade la biodiversité et pollue les sols et les eaux souterraines ».
Ainsi, dans la « salle du chapitre », se trouve une sculpture de neuf mètres de long, représentant un banquet gigantesque d’aliments de luxe. Cette œuvre s’intègre parfaitement à l’abbaye… On pense immanquablement aux représentations de la Cène.