« Ce qui manque le plus ? Le goût de l’œuf » ! Cette réponse, obtenue lors d’un entretien-consommateur sur les aliments végétaux de substitution, est le point de départ d’une impressionnante innovation agroalimentaire. L’étude était menée en 2017 par un groupe d’étudiants de l’Ecole de biologie industrielle (EBI) située à Cergy. « En quatrième année – le cycle ingénieur de l’EBI en compte cinq – notre formation en marketing passait par la réalisation d’un projet de création de produit, raconte Amélie. Nous voulions nous appuyer sur les tendances de consommation en imaginant un aliment issu du végétal ». Et puisque le consommateur attendait de l’œuf… les apprentis ingénieurs l’ont pris au mot et trouvé le moyen d’en élaborer un.
Comme un œuf de poule mais en végétal
Fi des poudres à réhydrater déjà existantes qui sont conçues pour un unique type d’usage. Le projet EGGSTRA, c’est son nom, est un « œuf » végétal dont l’usage est semblable en tout point à son cousin issu de la poule. « Nous souhaitions qu’il soit utilisable comme un œuf, donc d’abord en cassant une coquille ». Une coquille mais aussi du jaune, du blanc, le goût et des qualités nutritives, notamment protéines, comparables à l’original : l’objectif est de produire un « super œuf végétal », jusqu’au packaging. Pour ce faire, l’équipe d’EGGSTRA mobilise les acquis de la biologie, avec des ingrédients de plusieurs origines, toutes végétales et, bien sûr, encore top secrètes. Après seulement un an de travail, l’œuf est déjà ébauché ! Le prototype, qui sera finalisé dans une poignée de semaines, servira d’appui pour les levées de fonds permettant la suite du projet et son industrialisation.
L’oeuf d’EGGSTRA cuit au plat ! © EGGSTRA
Un projet très remarqué
Le projet est aujourd’hui porté par une demi-douzaine d’étudiants ingénieurs, à présent en dernière année d’étude : Sheryline Thavisouk, Amélie Theodat, Elise Thivet, Sumangala Thiyakeswaran, Philippine Souleres et Fernand Tang. L’équipe est particulièrement soutenue par l’EBI, avec un coaching spécifique de la part des enseignants tout comme la mise à disposition de son potentiel technique. « L’école nous prête ses laboratoires pour continuer à travailler bien après les cours, car nous sommes allés au-delà du projet scolaire ». La communauté éducative de Cergy-Pontoise est aussi partie prenante avec notamment le fablab Labboite auprès duquel sont élaborés les essais de coquille. Les acteurs cergypontains de l’entreprenariat sont aujourd’hui également partenaires du projet. Eggstra a ainsi remporté le challenge départemental de création d’entreprise Zee Entrepreneur à l’automne 2018 et se trouve hébergé dans l’incubateur d’entreprise Neuvitec à Neuville-sur-Oise.
Passage au stade industriel
Dans 6 mois, les créateurs d’EGGSTRA recevront leur diplôme d’ingénieur. Mais Ils l’admettent, « EGGSTRA a pas mal bouleversé nos projets professionnels de départ». Tous ont maintenant un statut d’étudiant-entrepreneur et lorsqu’ils sortiront de l’EBI, ce sera pour concrétiser leur invention. D’ici là, il leur reste à finaliser la préparation du changement d’échelle que sera le passage au stade de production industrielle, à trouver les sous-traitants… sans oublier les essais des œufs par des chefs cuisiniers, par exemple les grands noms de la cuisine moléculaire. Et pour l’aspect financier ? Le groupe a été accompagné pendant un an par la BNP, partenaire financier du Jury Entrepreneuriat de l’EBI. Ils ont ainsi pu bénéficier de plusieurs réunions de mentorat avec des experts pour consolider cette dimension. Les jeunes entrepreneurs complètent : « dès septembre nous aurons besoins de lever des fonds. Et EGGSTRA sera encore à Neuvitec, donc facile à trouver » !