« Dans une Maison de Justice et du Droit, l’usager rencontre quelqu’un de spécialisé alors qu’ici, en commissariat, j’aide à définir les difficultés rencontrées et à trouver des solutions ». C’est ainsi que Mathilde Lolieux définit le cœur de son rôle d’intervenante sociale au commissariat de police de Cergy. Dans son bureau du commissariat, situé au sein même de l’Hôtel de police, rue de la Croix des Maheux, elle accueille, écoute, rassure puis conseille et oriente vers les structures en mesure d’ aider. « Je propose des démarches, donne des contacts mais je ne fais pas à la place de la personne et n’impose rien ».

Un service pour tous

A qui s’adresse ce service d’écoute et d’orientation ? « Dans ce bureau, à la différence des policiers, on ne convoque pas ». Concrètement, il s’adresse aux personnes qui le souhaitent : aussi bien des victimes que des auteurs d’infractions franchissent la porte de Mathilde Lolieux ou l’appellent au téléphone. Elle accueille aussi des publics en situation de détresse ou de précarité. « Les personnes peuvent me rencontrer en dehors de tout dépôt de plainte ou de toute procédure judiciaire ». La majeure partie des sollicitations concerne des femmes victimes de violences. Mathilde est également sollicitée par des usagers se présentant pour des difficultés sociales ou des conflits de voisinage. Elle est bien sûr tenue au secret professionnel.

Psychologie sociale et victimologie

Mathilde Lolieux, 35 ans, est diplômée de l’Université de Nanterre en psychologie sociale. « La spécificité de ce métier est que l’on s’attache à l’environnement de la personne ». Elle s’est ensuite spécialisée avec un diplôme universitaire international en victimologie et en criminologie. Mathilde a d’abord travaillé pour l’armée puis au sein d’associations d’alternative à la détention et d’aide aux victimes. Et en octobre 2011, c’est la création du poste d’intervenante sociale au commissariat de Cergy par la Communauté d’agglomération, tri-financé par le Département, la Préfecture et l’agglomération de Cergy-Pontoise. Mathilde Lolieux se dit « pourquoi pas » ?

Des partenaires, un réseau

Pour mener à bien ses missions et orienter efficacement, Mathilde Lolieux mise sur le travail en réseau, auquel elle consacre un tiers de son temps. « Nous, les intervenantes sociales, sommes organisées au sein d’une association professionnelle. À côté de l’association, il y a les rencontres régulières avec mes 8 collègues des circonscriptions du Val d’Oise et bien sûr le temps de travail en commun avec les partenaires – institutions, associations et collectivités locales – indispensable car outre l’apport de connaissances nouvelles et de relais, on peut se sentir vite seule dans ce métier ». Sans compter la possibilité de solliciter le regard d’une homologue qui permet souvent de « décoincer une situation ».

Complémentaire au travail des policiers

Après neuf ans au commissariat de Cergy et à raison de 4 à 5 entretiens par jour, Mathilde Lolieux reste convaincue de l’utilité de ses missions, notamment au bénéfice des victimes. « Il est par exemple essentiel de pouvoir proposer un kit d’urgence à une personne qui doit quitter son domicile. Le travail des policiers est essentiellement orienté sur la prise en charge de la personne mise en cause : garde à vue, repas, visite de médecin… et pas sur la personne victime ». Complémentaire au travail des policiers, Mathilde considère ces derniers comme des collègues et inversement. Mais chacun, bien sûr, dans son rôle respectif : « Eux s’occupent des faits, moi des émotions » !