Au début des années 70, les concepteurs de la ville nouvelle, qui entendent donner une place majeure à la culture, imaginent un grand centre culturel sur la dalle – l’innovation majeure de l’époque. L’équipement doit accueillir un musée d’art contemporain, une école de musique, deux théâtres et une bibliothèque.
Une naissance aux forceps
L’ouverture est prévue pour 1975. Mais le projet piétine. Le centre est en effet jugé trop onéreux et le projet d’un musée d’art contemporain apparaît disproportionné. Bernard Hirsch – alors responsable de l’aménagement de la ville nouvelle – demande donc aux deux architectes Claude Vasconi et Georges Pencreac’h de se remettre à leurs planches à dessin. Il en sort un bâtiment polyvalent, qui conserverait une dimension culturelle – plus réduite et sans le musée –, mais abriterait aussi « l’hôtel de ville », autrement dit à l’époque les services du syndicat communautaire d’aménagement et les mairies annexes de Cergy et de Pontoise. Le 8 octobre 1979, dix ans après les premières esquisses, le Centre culturel et administratif André Malraux est enfin inauguré.
Des gouts et des couleurs
S’il est aujourd’hui un élément familier, il constitue à l’époque une petite révolution. Par ses couleurs tout d’abord, qui tranchent avec les codes habituels. À ceux qui ne sont toujours pas convaincus par le vert et le bleu, on rappellera qu’il était aussi prévu du rouge ! Mais le préfet de l’époque obtient que cette couleur soit abandonnée. Cependant, c’est surtout l’architecture qui innove. Avec ses 22 000 m² (sans les parkings), le centre est le point de convergence de tous les cheminements piétonniers de la dalle. Aussi est-il ouvert en son centre, avec une place publique abritée sous un toit de verre et de métal.
La place des Arts – c’est son nom – ressuscite ainsi l’antique agora des cités grecques. Si la naissance du centre fut difficile, il est en revanche reste fidèle, depuis plus de trente ans, à sa vocation d’origine, cœur vivant du Grand Centre qui abrite toujours les services de l’agglomération et une riche offre culturelle avec le Conservatoire à rayonnement régional, la Bibliothèque d’étude et d’information et le Théâtre des Arts de la scène nationale L’apostrophe.
Grande & petites histoires
Andrée-Claude Brayer, directrice du Conservatoire à rayonnement régional de 1983 à 2014
« Je me souviens encore de ma première vision du bâtiment, lors de mon arrivée en 1983. Il faisait un beau soleil ce jour-là et le centre administratif et culturel – tout neuf à l’époque – m’a paru séduisant avec ses couleurs bleue et verte. Après, je dois dire que j’ai vite déchanté et les professeurs et les élèves avec moi. Il faut dire que si l’enveloppe extérieure était séduisante et l’ambiance générale plutôt sympa, le bâtiment n’était pas du tout conçu pour abriter un conservatoire. Les salles de répétition n’étaient pas insonorisées, ce qui est un comble pour des musiciens, qui font du bruit ! De même, il y avait un pilier au beau milieu de la salle de danse… En outre le conservatoire était pensé pour 600 élèves, mais nous en avons vite eu le double. On a fait avec et l’agglomération nous a aidé en aménageant un niveau en sous-sol, ainsi que des salles dans l’immeuble voisin des Oréades et en améliorant ce qui pouvait l’être. Malgré tout, je garde des bons souvenirs. Par exemple, celui d’un concert le soir sur la place des Arts, avec mille musiciens sous la verrière et la vue sur le ciel et les étoiles. C’était magique ! »