La famille Thomassin arrive sur place en 1764 et, depuis cette date, exploite la ferme du même nom. Située au cœur du village, celle-ci a changé de configuration au fil des siècles, mais présente toujours les caractéristiques propres aux grandes fermes du Vexin, avec ses cours fermées, ses grands bâtiments et son pigeonnier aisément reconnaissable. Située sur le plateau céréalier, la commune est bordée par l’ancienne voie Jules César. Malgré sa taille réduite, Puiseux compte également des activités artisanales, commerciales et industrielles. En 1856, la famille Thomassin, qui produit de la betterave, crée en effet une distillerie d’alcool. Celle-ci cesse de fonctionner en 1985, mais les murs de la seconde usine, inaugurée en 1914, subsistent toujours. À l’époque, le village abrite également une briqueterie, devenue aujourd’hui un centre de distribution de matériaux.
Le choc de la ville nouvelle
Dans les années 60, la ferme Thomassin occupe 650 hectares et produit des céréales, des pommes de terre, de la betterave, des pommes et élève même des bœufs à engraisser… Tout va donc pour le mieux, jusqu’au jour où arrive la ville nouvelle. À l’époque, l’Etat ne s’embarrasse pas de concertation et trace les nouvelles limites à grands coups de ciseaux… Puiseux se retrouve intégrée – un peu contre son gré même si elle va y gagner de nombreux équipements – au périmètre de la ville nouvelle. Les terres agricoles sont expropriées et indemnisées pour laisser place au nouveau quartier de Cergy-le-Haut. Afin d’éviter l’urbanisation et de conserver son caractère rural, la commune cède alors plusieurs centaines d’hectares à la ville de Cergy, qui deviendront la ZAC Sainte Apolline. À terme, la ferme Thomassin est menacée de perdre 90 % de sa surface.
L’esprit d’entreprise
Faut-il alors se contenter de l’indemnisation ? Pas question pour la famille Thomassin, qui a l’esprit d’entreprise chevillé au corps. Sur la suggestion d’un ami (voir « Grande & petites histoires » ci-dessous), surgit l’idée de lancer une activité qui n’existe pas encore en France : la cueillette en libre-service. Le principe est simple : chacun vient cueillir lui-même fruits et légumes en fonction des saisons et règle ses achats à la sortie, mêlant ainsi économie, sortie en famille et garantie sur l’origine des produits. Directement du producteur au consommateur ! La « Cueillette de Cergy » ouvre en 1976 et le succès est immédiat.
Il ne s’est pas démenti depuis lors et la ferme accueille désormais 150 000 visiteurs par an. Elle écoule 170 tonnes de pommes, 100 tonnes de pommes de terre, 20 tonnes de fraises… La Cueillette emploie six personnes à temps plein quatre saisonniers pour la production, et entre cinq et quinze personnes – selon la période – pour la vente. Sans oublier la reconversion des anciens bâtiments en une petite zone artisanale.
Grande & petites histoires
Thierry Thomassin, propriétaire de la Cueillette de Cergy et maire de Puiseux-Pontoise
« L’idée de la Cueillette a été suggérée à mon père par un ami, Marc Darbonne – un autre innovateur puisqu’il est à l’origine de l’aventure de la société Darégal à Milly-la-Forêt, devenue le n°1 mondial des herbes aromatiques surgelées. Il avait vu ce système de la cueillette fonctionner en Angleterre et pensait qu’on pouvait le transposer en France. Nous avons commencé avec quatre hectares de fraises. La première saison, ça a été un peu la panique à bord car, pour ceux qui s’en souviennent, 1976 a été l’année de la sécheresse et une récolte de fraises inespérée est arrivée en juin. Nous avons fait un peu de publicité dans les journaux gratuits et distribué des tracts. Et le succès est venu très vite. À l’époque, la première motivation des visiteurs était le prix. Avec des fraises accessibles, on pouvait refaire des confitures, comme autrefois… Nous nous sommes ensuite diversifiés avec les framboises et les pommes puis, en 1979, avec les légumes et les fleurs. En 1981, nous avons déplacé la cueillette de l’autre côté de la commune, les terres de l’ancienne cueillette étant vouées à l’urbanisation. Depuis, le succès de la Cueillette continue car il répond désormais au souci des circuits court et de la traçabilité des produits. Nous avons aussi développé l’accueil des élèves de classes primaires, avec plus de 5 000 enfants par an. »