Né en 1857 – et donc plus jeune que la plupart des impressionnistes -, William Thornley expose sa première œuvre au Salon de Paris dès l’âge de 21 ans. Il devient rapidement le lithographe de Degas, Monet et Pissarro, reproduisant leurs œuvres à partir de cette technique d’impression à base d’un tracé à l’encre sur une pierre calcaire. Mais William Thornley – Français en dépit de son nom à consonance britannique – ne se contente pas de travailler pour les grands noms de l’impressionnisme. Il devient lui-même un paysagiste salué par la critique et salué de son vivant.
Un grand voyageur
En 1892, il s’installe au Grand Moulin à Osny, aujourd’hui La Renardière. Jusqu’à son décès en 1935, il vivra à Osny. Il est inhumé à Pontoise. Grand voyageur, Thornley peint à travers la France – à la fin de sa vie, il fera de fréquents séjours à Antibes -, mais aussi l’Italie, la Hollande, la Belgique et la Suisse. Sa principale source d’inspiration reste toutefois le Vexin et l’actuel territoire de l’agglomération. Il peint les paysages vallonnés d’Osny et leurs fermes, les villages des alentours : Ableiges, Chars, Santeuil, Ennery… Il peint les moulins, les scieries et les industries naissantes des bords de l’Oise (Saint-Ouen l’Aumône). Il s’attache à Pontoise, ses églises, ses places, ses rues pittoresques, dont certaines ont disparu…
Une collection exceptionnelle
L’importante collection exposée dans le musée William Thornley a été constituée, pour l’essentiel, par l’ancien maire d’Osny, Christian Gourmelen, qui fut également vice-président du Conseil général. Elle s’est faite sous la forme de dons et d’acquisitions en ventes publiques, car les œuvres du peintre circulent surtout parmi les collectionneurs privés. Elles sont également présentes, plus modestement, dans différents musées : Pontoise – bien sûr -, mais aussi Lille, Vendôme, Strasbourg…
En 1996, l’espace des combles du château s’impose tout naturellement pour exposer la collection patiemment réunie. Mais si les œuvres sont là, il y manque encore l’œil d’un expert (voir encadré). Depuis juin 2015, le musée William Thornley présente, sur une surface d’environ 300 m², une centaine d’œuvres de l’artiste, sur les 190 qui constituent la collection d’Osny. À un simple accrochage au fil des acquisitions, succède aujourd’hui un accrochage raisonné, sur une base chronologique et géographique, accompagné de cartouches informatifs. Le travail n’a pas été simple, car l’artiste n’a que rarement localisé et daté ses œuvres, nécessitant un véritable travail d’investigation à partir de sa signature et des sources iconographiques contemporaines…
L’église d’Osny par William Thornley
Grande & petites histoires
Geneviève Roche-Bernard, conseiller « Musées » au Département du Val d’Oise
« Après divers postes au sein de la direction des affaires culturelles du Département, j’ai pris en charge la mission « Musées », créée en 2000. L’idée était d’intervenir non plus sous forme de « simples » subventions, mais aussi en apportant conseils et expertise aux structures. Dans ce cadre, j’ai été invitée, en 2014, à rencontrer l’équipe municipale d’Osny, qui souhaitait mieux valoriser cette collection exceptionnelle. Avec l’accord du Département, le premier travail a consisté à dresser un état des lieux. Puis, j’ai fait plusieurs propositions, qui ont été validées par la mairie : mettre les œuvres fragiles – dessins et aquarelles – en réserve et organiser un accrochage thématique des œuvres. Très vite, je me suis prise d’intérêt pour William Thornley, un paysagiste qui a été éclipsé par les impressionnistes. J’ai donc rédigé les différents textes de présentation et les cartels des œuvres exposées. Le nouvel accrochage a été inauguré le 6 juin 2015. Des expositions thématiques sont également prévues tous les deux ans. Une deuxième salle réunit des œuvres de Véron, Pissarro, Veyrassat et Eugène Duc. »