Cergy-Pontoise terre – et eau – de champions ! C’est en effet le club d’aviron situé à Saint-Ouen l’Aumône, la Société Nautique de l’Oise, qui brandit aujourd’hui l’or des médailles. L’un de ses rameurs, Rémy Majorek, vient de briller aux 3e championnats du monde d’aviron indoor 2020.
Le rameur, aviron virtuel
La discipline de l’aviron indoor, assez récente, consiste à utiliser les ergomètres, ou rameurs, très utilisés pour l’entraînement, comme embarcation fictive. En compétition, les ergomètres sont reliés informatiquement les uns aux autres. Chaque rameur est représenté par un “bateau” sur un écran géant où les positions virtuelles de chacun sont projetées en temps réel, comme s’ils faisaient une course sur 500 ou sur 2000 mètres. Organisés à Paris après deux éditions précédentes aux Etats-Unis, les championnats du monde avaient lieu le week-end des 7 et 8 février 2020. Placés sous l’organisation de la Fédération Française d’aviron, ils étaient couplés avec les championnats de France.
Un effort intense
Rémy Majorek revient sur sa course, le 500 mètres, catégorie 40-49 ans – poids léger. « Le 500 mètres, c’est un effort assez violent, mais qu’il faut quand même gérer. Dans mon plan de course, je prévoyais de partir fort, parmi les trois premiers. Mais passé 100 mètres, un coup d’œil sur le moniteur de mon ergomètre me montre que je ne suis qu’en 6e position. Aux 200 mètres je suis encore 5e. Alors à mi-parcours je pars à fond… je ne vois plus l’écran du moniteur j’essaie de remonter, remonter et à la fin de la course je ne pense pas être devant ».
Double médaillé inscrit in extremis
Mais avec un temps de 1’25’’6, Rémy gagne la course avec 3 dixièmes d’avance sur le second et bat le record de France dont il était détenteur. Les médailles d’or de champion de France et du monde lui reviennent. « C’est assez marrant car suite à des soucis de santé en fin d’année qui avaient fait baiser ma forme, je ne devais pas participer cette année. Mais Juste avant la clôture des inscriptions je me suis testé au club sur un temps. C’est passé tout juste et je me suis inscrit in extremis » ! Et c’est un peu cela la relation de Rémy Majorek avec l’aviron, de celle où le hasard fait bien les choses.
Rémy Majorek à l’entraînement sur un ergomètre identique à ceux utilisés en compétition… ça avance vite ! © CACP
Né en 1971 au sein d’une famille de Saint-Ouen l’Aumône, Rémy grandit dans cette ville de la maternelle au Lycée. Il aime le sport et commence par faire du foot. Il a 11 ans quand sa mère, qui vient d’y inscrire son grand frère, lui propose de faire de l’aviron à la Société nautique de l’Oise (SNO). « J’y suis allé ». Après le bac Rémy Majorek entre en BTS au lycée Kastler et part assez vite au service militaire, qu’il prolonge avec un engagement qui l’emmènera comme casque bleu en ex-Yougoslavie.
L’équipe se reforme
De retour à Cergy-Pontoise en 1995, il entame une carrière qui le conduira à devenir cadre dans le secteur de la logistique. « Le travail, la vie de famille, j’ai complètement coupé avec l’aviron ». Enfin presque. « Deux années de suite, avec d’anciens rameurs nous nous sommes retrouvés au barbecue de la SNO. On pouvait prendre un bateau et ramer ». Si bien qu’une petite équipe d’« anciens » qui se connaissent depuis toujours reprend le collier en 2012. « Nous sommes arrivés en formant tout de suite un équipage, mais pour le plaisir. D’abord un samedi sur deux. Puis tous les samedis. Puis les samedis et dimanches. Enfin on a ajouté des entraînements en semaine. C’était reparti » ! Très vite le club inscrit l’équipe en championnat, les résultats tombent : une médaille de bronze en championnat de France qui étonne et motive, suivie des titres de champions de France en 2015, 2016, 2017, 2019, aux 1000 mètres, équipage de quatre avec barreur, catégorie master. « On a près de 50 ans et c’est comme si on en avait 15, l’âge où l’on s’est connus ».
Une nouvelle saison
Si l’équipage n’a encore aucune certitude quant à sa participation aux prochains championnats de France d’aviron, Rémy Majorek a bien en tête une nouvelle saison d’aviron indoor. D’abord parce que son exploit aux championnats du monde suit une série de titres remportés dans cette discipline les années précédentes : 2ème sur 500 mètres et 3ème sur 2000 mètres lors de championnats d’Europe et deux fois champion de France sur 500 mètres.Surtout, l’année prochaine, à 50 ans, il changera de catégorie. « Comme j’étais le plus vieux de la catégorie 40-49 aux championnats du monde et que les deux athlètes derrière moi avaient 40 et 42 ans, je me dis que cela peut bien se passer »…