Plaine des Linandes : une ville nouvelle millénaire

Publié le 1 février 2013

Des fouilles archéologiques menées aux Linandes ont révélé la présence de l’homme sur ce lieu depuis le Néolithique moyen.

Une agglo bien conservée

La découverte de haches et de pointes de flèches en silex dans la plaine des Linandes l’atteste formellement : les premiers habitants des Linandes recensés ont élu domicile sur ce territoire au milieu de l’âge de la pierre polie, soit vers – 4 000 avant notre ère environ. La ville dite nouvelle vient donc de fêter allègrement ses 6 000 ans, selon les découvertes des archéologues chargés de fouiller le site avant son aménagement. La période suivante, celle de l’âge du Bronze (- 2 200 à – 800), n’a pour l’instant livré aucun vestige aux scientifiques. Mais tout espoir n’est pas perdu : sur les 80 hectares de la plaine en cours de mutation, 20 restent à explorer, au fil des chantiers à venir.

Occupation continue

À la fin du premier âge du Fer (vers – 400), des groupements de silos de céréales attestent à nouveau d’une présence humaine. Présence désormais définitivement acquise : les hommes ne quitteront plus ce territoire, le divisant en parcelles cultivées, lieux habités et zones funéraires, au cours du second âge du Fer. À cette même époque, vers – 200, l’occupation des Linandes était dense, avec un site tous les 500 mètres, tous positionnés selon un axe longeant le tracé de la chaussée Jules-César toute proche. Une vaste ferme gauloise de culture et d’élevage s’installe à la transition entre cette période et le début de l’Antiquité. Dès lors, les habitants pratiquent sur place quelques activités artisanales qui, selon les archéologues, vont péricliter rapidement. Le Moyen-Âge laisse le premier rôle à Pontoise, qui se développe en tant que villégiature royale appréciée. Trop proche de ce pôle sans doute, le secteur des Linandes conserve au même moment son caractère rural.

Des voies de recherche

Les techniques d’exploitation agricole du XXe siècle, très intensives, ont probablement gommé quelques empreintes laissées par l’histoire. Toutefois, une voie médiévale du XIIe siècle, parallèle à l’actuel boulevard de la Paix, est découverte en 2006. Ce « Vieux chemin de Rouen » perdure jusque vers 1750 où il est remplacé par une voie royale, sur le tracé de l’actuelle RD 14. Les fouilles ont permis de lancer une étude de cette voie sur quelque 60 hectares. Les archéologues s’en félicitent : appréhender ainsi de tels ouvrages, aussi bien dans l’espace que dans le temps est une opportunité rare. Quant à nos contemporains, bien peu nombreux sont ceux qui auraient soupçonné le long passé de leur agglomération, sans l’aménagement en cours des Linandes en une plaine des Sports et un vaste parc urbain doté de 1 300 logements modernes…

Grande & petites histoires

Jean-Gabriel Pariat, responsable scientifique du service départemental d’archéologie du Val d’Oise

Jean-Gabriel Pariat rêve bien sûr de découvrir aux Linandes des vestiges de l’âge de Bronze, histoire de combler un peu plus de mille ans d’incertitude sur la vie du site. Concernant l’enclos gaulois, découverte majeure selon lui, il se souvient d’une anecdote : « On discernait un objet métallique aux contours pointus. J’ai aussitôt appelé une spécialiste pour dégager dans les règles de l’art la précieuse épée ouvragée que nous attendions. Mais à notre grande déception, elle s’est révélée être une simple tête de marteau ». Autre intérêt du site à ses yeux : offrir la chance très rare d’étudier sur une aussi vaste étendue un réseau de voies, le site étant un lieu de fort passage. « Le maillage des établissements protohistoriques donne des raisons de penser qu’un chemin préexistait à ce qui est devenu la chaussée Jules-César… ».