La tour GDF Suez – que nombre de Cergypontains persistent à appeler la tour EDF, malgré la séparation des deux entreprises en 2006 – joue un peu le rôle du phare d’Alexandrie ! Avec ses 83,5 mètres de hauteur et ses quatorze étages, elle est le signal de l’agglomération, celui qu’on voit en premier de l’autoroute ou du RER.
Une tour révolutionnaire
À la fin des années 60, EDF-GDF cherche un emplacement pour les bureaux qui desserviront le tout nouveau département du Val d’Oise, créé le 1er janvier 1968. Le choix de la ville nouvelle s’impose et un premier projet est mis à l’étude. Mais les évènements de Mai 68 le renvoient dans ses cartons. Œuvre de l’architecte Renzo Moro, la tour est finalement livrée en 1976. Elle est conçue comme un contrepoint visuel à la pyramide inversée de la préfecture.
Depuis 40 ans, c’est un élément familier du paysage cergypontain. Pourtant, cette tour est révolutionnaire. Elle est en effet l’un des très rares immeubles au monde à posséder une structure irriguée. Autrement dit, les poutres métalliques qui constituent sa structure sont remplies… d’eau. L’intérêt ? Il est facile à comprendre après les images de l’effondrement des Twin Towers à New York. Confrontées à un feu violent, les structures métalliques finissent par se tordre, provoquant l’effondrement de l’immeuble. Mais la structure de la tour GDF Suez peut résister indéfiniment, car l’eau qui se met à chauffer est remplacée par de l’eau froide pompée sur le réseau de ville. Très efficace, cette technique ne s’est cependant pas répandue, la culture architecturale européenne privilégiant les structures béton à celles en acier. Pas de panique toutefois sur les risques d’incendie. La tour est classée « immeuble a grande hauteur » (IGH) et bénéficie donc d’un PC sécurité permanent.
Cergy ou Dallas ?
Autre mystère : savez-vous ce que cache le grand bloc métallique posé sur son toit ? Si vous répondez les locaux techniques, vous n’avez qu’en partie gagné. Car ce chapeau abrite surtout – GDF oblige – une chaufferie au gaz…
Enfin, les cinéphiles savent que la tour joue un rôle important dans le film d’Henri Verneuil I comme Icare. C’est depuis ses fenêtres que le président Jarry – un nom en « y » comme Kennedy – est abattu par un tueur nommé Daslow (l’anagramme d’Oswald), alors que son cortège parcourt l’avenue Bernard Hirsch. La prochaine fois que vous passerez au pied de la tour GDF Suez, levez donc la tête et regardez là. Vous la verrez surement d’un autre œil…
Grande & petites histoires
Un balcon sur l’agglo
La tour GDF Suez cache un autre secret, invisible depuis la dalle. Elle possède en effet une terrasse, située à environ 80 mètres de haut, au-dessus des étages de bureau et juste au pied du bloc technique. Avec, à la clé, un panorama exceptionnel sur toute l’agglomération et bien au-delà. « C’est après avoir découvert cette vue incroyable que nous avons obtenu en 2000 l’ouverture de la terrasse au public lors des Journées du Patrimoine », explique Jean-Claude Rault, chargé de mission pour la valorisation du patrimoine à la Communauté d’agglomération. « Si on regarde vers le bas, on a l’impression d’admirer une maquette du Grand Centre. Et sur les côtés de ce véritable chemin de ronde, on a une vue panoramique sur les quatre points cardinaux ». La terrasse est d’ailleurs devenue un formidable outil pédagogique pour comprendre l’agglomération et un moyen de promotion. « Un nouveau préfet qui vient d’arriver, un ministre en visite, un chef d’entreprise qui envisage de s’installer… : on organise un passage par la terrasse. Au début, ils disent tous qu’ils n’ont que très peu de temps et, finalement, ils ne veulent plus redescendre », sourit Jean-Claude Rault.