La Ferme d’Écancourt : une utopie réussie

Publié le 30 septembre 2015

Réconcilier la ville et la campagne : telle était l'ambition de la ferme d'Écancourt, à Jouy-le-Moutier, dont le projet est né avec les débuts de la ville nouvelle. Un pari réussi pour ce qui est devenu, aujourd'hui, l'un des principaux lieux d'éducation à l'environnement de Cergy-Pontoise.

La ferme d’Écancourt, c’est à la fois un lieu et une association. Le lieu tout d’abord : sur le plateau, en lisière de la forêt de l’Hautil, dans un environnement de cultures, de bois et de prairies avec, dans le lointain, la silhouette de la ville nouvelle. Au milieu, une ancienne ferme typique du Vexin avec sa cour fermée rectangulaire, dont la construction a débuté au 17e siècle. Elle faisait alors partie d’un ensemble comprenant aussi le château – une grande demeure bourgeoise – et le verger d’Écancourt, entièrement ceint de murs pour conserver la chaleur.

La campagne à la ville
L’association ensuite. Au début des années 70, la ferme d’Écancourt est dans un état de délabrement avancé. La ville nouvelle la rachète et s’en sert un temps comme lieu de stockage de matériaux. Mais il existe à l’époque une association nationale, appelée « Ville campagne », qui se fixe pour objectif de rapprocher citadins et ruraux. Or, quel meilleur terrain qu’une ville nouvelle pour opérer ce rapprochement. C’est ainsi que naît, en 1978, l’association locale « Ville campagne – Cergy Vexin ». Dans un premier temps, l’association acquiert un car pour emmener les enfants de la ville nouvelle visiter des fermes du Vexin. Mais il apparaît vite que les agriculteurs ne sont pas toujours disponibles et qu’il peut y avoir des problèmes de sécurité. D’où l’idée de chercher un lieu dédié. C’est ainsi qu’en 1984, la ville nouvelle confie à l’association la vieille ferme délabrée.

Très vite, les chantiers-écoles se succèdent pour restaurer les bâtiments. Puis l’association achète des animaux, installe une basse-cour, crée une mare, aménage un sentier botanique… Une nouvelle étape est franchie en 1993, avec l’ouverture d’un gîte départemental de 45 lits, pour accueillir des classes vertes en semaine et des randonneurs le week-end.

Les animaux ont fait des petits…
Après avoir pris le tournant du développement durable au milieu des années 2000, la ferme d’Écancourt est aujourd’hui un acteur majeur de l’éducation à l’environnement. Grâce à une équipe de seize permanents, elle accueille aujourd’hui plus de 20 000 visiteurs par an, dont beaucoup de scolaires. Sans compter, bien sûr, tous ceux qui viennent se promener dans son domaine, la ferme étant ouverte comme un parc public.

Un atelier cusine avec des tout petits à la Ferme d'Ecancourt
La Ferme d’Écancourt organise de nombreuses animations, à l’image de cet atelier cuisine © Lionel pagès

Les quelques animaux du départ ont fait des petits… Écancourt compte désormais une vingtaine de chèvres et deux boucs, une trentaine de moutons – qui pratiquent l’éco-pâturage et sont désormais des vedettes de l’agglomération avec la transhumance -, des coqs et des poules pondeuses, des oies, canards et pintades. Sans oublier vache, cheval et lapins. Mais il ne s’agit pas d’une simple ferme animalière ! Elle organise en effet des formations et des animations sur les écogestes, travaille avec l’agglomération, le département, l’Éducation nationale ou le Parc naturel régional du Vexin. Au terme d’une belle aventure, le bâtiment délabré des années 70 est devenu un acteur majeur du développement durable, sans rien perdre de son esprit pionnier…

Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.ferme.ecancourt.fr. Retrouvez également la ferme d’Ecancourt sur Facebook

Grande & petites histoires

Jean-Claude Rault, membre du bureau de l’association
« Je me suis investi très tôt dans l’association de la ferme d’Écancourt, dès sa création. J’habitais le hameau d’Écancourt et le projet me semblait à la fois porteur et innovant. Depuis, j’ai eu le plaisir de participer à l’aventure de la renaissance et du développement du lieu. Je suis profondément attaché à ce site exceptionnel et à cette ferme – à la fois classique et modeste – nichée dans le paysage. Compte tenu de mes fonctions à l’agglomération, j’ai pu servir de relais avec les collectivités et les organismes locaux, dont le Parc naturel régional (PNR) du Vexin. Aujourd’hui le succès ne se dément pas. Lors des Journées d’automne – cette année les 3 et 4 octobre – la ferme peut accueillir jusqu’à 8 000 visiteurs. L’invité d’honneur cette année sera précisément le PNR du Vexin, à l’occasion de ses 20 ans, avec de nombreux stands et ateliers. Avec le recul, j’ai le sentiment que la force d’Écancourt est de ne pas être une simple ferme animalière, même si l’objectif de départ – rapprocher les citadins et les ruraux – a bien été atteint. Le projet a su évoluer et s’adapter aux enjeux d’aujourd’hui et de demain pour devenir un acteur à part entière du développement durable ».