Au château comme à l’hôtel

Publié le 22 décembre 2016

Une fois la pépinière quittée, quelle destination pour les jeunes entreprises ? À Saint-Ouen l'Aumône, quelques privilégiées peuvent élire domicile au château d'Épluches, construit en 1651 et transformé depuis 2007 en hôtel d'entreprises.

Des débuts plutôt modestes et une fortune changeante : la formule pourrait résumer la vie – tout sauf royale – du château d’Épluches. Bâti en l’an de grâce 1651 par un certain René Jacob, premier valet de chambre du roi, roturier élevé par la suite au rang de seigneur, il comprend à l’origine un bâtiment principal et deux ailes, notamment. Plus tard, il est offert à Antoine Savarin, sieur de Marestan, écuyer et capitaine de cavalerie aux mousquetaires du roi, par son oncle, Eustache le Bosseur de la Bauve, lieutenant-colonel du régiment du Dauphiné.

Un lent délabrement
Le château connaît ensuite divers propriétaires. Il est acheté en 1920 par la Croix-Rouge cubaine qui le confie à la fondation Foch pour enseigner l’agriculture, l’espagnol et l’histoire de Cuba aux orphelins de guerre. Il accueille ainsi de nombreuses pupilles de la Nation et devient même centre d’apprentissage. Cependant, lors de sa reprise en main par la mairie de Saint-Ouen l’Aumône, en 1995, le château n’est plus que l’ombre de lui-même. Ne subsiste en effet du bâtiment d’origine qu’un tiers d’une des ailes, du fait, notamment, de deux incendies causés par des élèves.

Une nouvelle vie
En dépit de son état, le château constitue, aux yeux de la municipalité, un élément important du patrimoine historique saint-ouennais, aux côtés de l’abbaye de Maubuisson. La ville décide donc de reconstruire le bâtiment restant tel qu’il était à l’époque de sa prospérité. Cette déférence à l’égard du passé n’empêche pas le projet de s’inscrire dans la modernité. Une fois rénové, le château doit en effet accueillir des sociétés en voie de développement. L’option retenue – l’hôtel d’entreprises – constitue un intermédiaire entre la pépinière, favorisant la création d’activités, et le parc d’affaires, une solution d’hébergement traditionnelle.

Place au futur !
Aujourd’hui, force est de constater que le pari a payé. En ses deux derniers étages, le château, superbe, accueille trois entreprises, spécialisées notamment dans le matériel médical de pointe et la sécurité informatique. Le sous-sol est réservé aux associations culturelles et sportives, quand il ne sert pas de bureau de vote ou à des réunions publiques. Et, dans un futur proche, le rez-de-chaussée devrait être à son tour occupé par une ou plusieurs nouvelles sociétés.

Grande & petites histoires

Robert Rice, directeur de l’aménagement urbain et de l’urbanisme de la ville de Saint-Ouen l’Aumône

« La réflexion autour du projet de réhabilitation du château d’Épluches a commencé en 2002. L’enjeu, pour la commune, était de reconstruire le bâtiment restant à l’identique en respectant les méthodes du passé. Comme il était presque détruit, le chantier s’annonçait onéreux. Nous avons donc cherché des partenaires financiers. Deux d’entre eux – la région Île-de-France et le département du Val d’Oise – ont accepté de subventionner le projet, aux côtés de l’État et de la ville, à condition que le château accueille, une fois les travaux terminés, des entreprises en voie de développement à des tarifs compétitifs. L’intérieur a donc été aménagé en conséquence, avec un ascenseur, des bureaux aux deux derniers étages et un open space au rez-de-chaussée. Les travaux ont commencé en 2004 et le bâtiment a été livré en 2007. Au total, le projet a coûté environ 3 millions d’euros. Le sous-sol a été opérationnel en 2008 et les premières entreprises se sont installées dans leurs nouveaux locaux en 2009. Le tout est géré dans le cadre d’une délégation de service public. Le comité de sélection, composé de la ville, des chambres consulaires, de la région et du département, choisit les entreprises sur la base de leur projet. Du fait de la position du château – entre zone d’habitation et parcs d’activité -, cette nouvelle vocation est parfaitement légitime. »