Chacun connaît les célèbres plans-reliefs des forteresses et places fortes commandées par Louis XIV à son ministre Vauban, qui font aujourd’hui la fierté du musée des Invalides. Mais très peu de collectivités disposent de maquettes contemporaines présentant leur topographie, leurs bâtiments et leur urbanisme. L’agglomération de Cergy-Pontoise fait partie de ces privilégiées.
Un travail de titan
L’histoire remonte au début des années 1980. Bertrand Warnier – alors directeur des études générales de l’Établissement public d’aménagement (EPA) – a l’idée de passer commande d’une maquette de l’agglomération, pour mieux apprécier l’impact, dans leur contexte, des grands projets urbains de l’époque. Il s’agit donc d’un outil de travail, qui doit aider les autorités dans la prise de décision.
Plusieurs maquettistes professionnels se succèdent pour réaliser le projet. La construction – sur la base d’une échelle au 1/1000e (un mètre = mille mètres) – se fait d’abord à base de balsa, puis en utilisant de la résine. Conséquence : si elle est imposante, la maquette est aussi étonnamment légère… D’emblée, la maquette est conçue comme un puzzle de 105 morceaux, afin de faciliter le stockage et le transport, mais aussi la mise à jour des différentes villes et quartiers au fur et à mesure de la transformation du paysage. Véritable travail de titan, la construction de la maquette est stoppée en 2000 sans être totalement terminée.
De rares sorties publiques
Elle est présentée pour la première fois au public – sous une forme encore inachevée – en 1989, à la préfecture, pour les vingt ans de l’EPA. Seules figurent alors les communes de Cergy, Éragny, Jouy-le-Moutier, Pontoise et Saint-Ouen l’Aumône, ainsi que l’Axe majeur. La dernière sortie de la maquette – sous sa forme complète – remonte à 2002 à la caserne Bossut, au moment où l’EPA passe la main à la Communauté d’agglomération. Depuis, les 105 morceaux du puzzle sont soigneusement entretenus et stockés dans les réserves de l’agglomération. La mise à jour de la maquette s’est arrêtée en 2000, à l’exception de deux interventions réalisées en 2010 sur le centre-ville de Vauréal et sur Courdimanche. Pour être honnête, le travail lancé, il y a plus de trente ans, par Bertrand Warnier n’est pas allé tout à fait à son terme. Il couvre en effet les trois quarts de l’agglomération. Entretemps, la modélisation 3D et la réalité virtuelle ont fait perdre aux maquettes urbaines leur rôle d’outil de travail. Mais la maquette de Cergy-Pontoise y a gagné une valeur patrimoniale exceptionnelle…
Conçue comme un puzzle de 105 morceaux, la maquette couvre environ les trois quarts du territoire de l’agglomération
Toute l'agglo dans une expo !
Du 17 juin au 20 septembre, le Pavillon de l’Arsenal à Paris – Centre d’information, de documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de Paris et de la métropole parisienne – présentera une exposition consacrée à l’histoire et à l’urbanisme de Cergy-pontoise.
Outre la maquette de l’agglomération, l’exposition retracera – à travers cartes, objets, photos, vidéos, documents… – toute l’histoire du territoire. On y découvrira la naissance de la ville nouvelle – un pari fou dans les années de forte croissance économique et démographique 1960-1970 – et les exemples étrangers qui l’ont inspirée, ainsi que les innovations révolutionnaires de l’époque, réussies ou moins réussies (l’architecture sur dalle).
L’exposition mettra en évidence non seulement la « ville nouvelle », mais aussi les nouveaux quartiers d’habitation et les villages contemporains au développement très rapide, comme Éragny ou Jouy-le-Moutier. Très pédagogique, elle vous offrira une occasion unique de mieux comprendre l’histoire de l’agglomération et de découvrir Cergy-Pontoise comme vous ne l’avez encore jamais vue…